Ou le face à face de deux géants, Isabelle et Gérard, alias Huppert et Depardieu dans la Vallée de la Mort. Elle est menue, fragile et végétarienne. Il promène son corps alourdi et usé par la vie. Séparés depuis vingt ans, ils ont un rendez-vous improbable avec leur fils, fixé par des lettres posthumes dans sept endroits précis, tout au long d’une semaine interminable à se promener dans les canyons.
C’est un huis-clos dans lequel la chaleur joue le rôle de catalyseur. Les corps se défont, se dénouent. Les larmes jaillissent, la culpabilité aussi. Qu’est-ce qu’être parent d’adulte ? Connaît-on vraiment ses enfants et peut-on les faire dévier de leur trajectoire de météore, lorsqu’ils ont décidé de quitter la vie ? Gérard refuse de croire que leur fils va apparaître, Isabelle tient bon. Elle veut croire à l’impossible, parce qu’au temps de la vie, elle n’a pas su croire aux forces de l’amour. Ils ont chaud, ils se cherchent, ne veulent pas se haïr. L’amour qui autrefois s’en est allé, refait discrètement un chemin. Tendresse maladroite, cheveux qui s’emmêlent dans la sueur, ils ne savent où chercher le réconfort des questions sans réponses. La mort est partout dans cette Vallée qui porte son nom. Les signes se multiplient, sans apporter de signe tangible. L’angoisse d’Isabelle vibre de plus en plus tandis que Gérard s’accroche à ses certitudes sans pour autant croire aux paroles définitives qu’il profère à tout propos. Les corps se font hésitants, ils se fondent dans le désert, accrochés à un parasol multicolore, dérisoire rempart contre la chaleur.
Que veut Michael, le fils ? Réunir ses parents dans un ultime tête à tête de vérité ? Retricoter les fils qui s’étaient échappés de l’histoire ? Vingt ans après, Isabelle comme Gérard n’ont que des bilans de vie en demi-teintes à faire. Et ce fils, qui est mort sans une explication, dans une ultime douleur. C’est leur propre souffrance qu’ils explorent dans le désert, durant cette semaine initiatique. Sans connexion au monde, sans même de relation avec le réel, Gérard va jusqu’à se faire passer pour De Niro auprès de touristes qui croient le reconnaître. D’ailleurs, Isabelle et Gérard ont changé depuis tout ce temps, ils apprennent à se connaître à nouveau, à redécouvrir leurs goûts, leurs passions. Ils sont deux étrangers avec une grande familiarité et une grande gaucherie à la fois, dans un motel de seconde zone dont on n’aperçoit vaguement que la piscine et la chambre. Unité de lieu, de temps, et tragédie.
Valley of love est un grand film. Avec de grands acteurs qui savent lire des textes ou les déclamer et nous donner des frissons.
Christèle
Merci pour cette excellente critique qui renforce mon envie d’aller voir ce film.
This was greeat to read