Le défi de l’histoire

Dans 961 heures à Beyrouth, l’auteure Ryoko Sekiguchi mélange son histoire personnelle, faite de déracinement culturel et d’un émerveillement sensoriel, et sa courte expérience des traditions culinaires locales. Or Beyrouth n’est pas une ville comme les autres, c’est un lieu relativement réduit mais au métissage intense. C’est aussi un lieu intranquille, une ville de chaos multiples, sans répit.

Dans ce voyage vers le Proche-Orient en passant, origines obligent, par l’Extrême-Orient, on est bercé entre recettes d’apparence anodine, saveurs et odeurs exotiques, et gravité de la géographie et de l’histoire.

Ryoko Sekiguchi questionne plus qu’elle ne donne de réponses. Elle cherche à dépasser le simple drame, à transgresser la fatalité. Puis elle revient sur l’impossible enseignement de l’histoire contemporaine au Liban. En effet, comment aborder les questions contemporaines tant leur interprétation peut varier selon l’origine socio-culturelle ? Il lui semble que le pays est tellement déchiré que son histoire la plus récente est passée sous silence.

Cela peut sembler irresponsable et inconcevable. Alors, la démission éducative reviendrait-elle à laisser errer la jeunesse, qui semble très bien savoir « où trouver l’info » ? Ce réflexe protecteur, qui veut qu’on préfère innocemment inculquer des notions historiques lointaines, moins risquées car moins douloureuses, est-il adapté ?

Faut-il mettre à l’abri, à l’heure des autoroutes de l’information à ciel ouvert, des outils numériques en libre-service ? Où s’arrête la volonté de bien faire, de protéger la jeunesse ? Où commence l’irresponsabilité ?

De Beyrouth à Paris ou à Arras, la posture des adultes envers les enfants ou envers les adolescents n’est jamais évidente. Car la violence est partout. Les faits sont trop récents parfois pour que la cicatrisation ait eu le temps d’agir. Le déni, quant à lui, ne vaut guère mieux. « Les enfants savent qu’il y a eu la guerre, mais pourquoi et contre qui et quoi, on ne le leur apprend pas ».

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