Culpabiliser, la solution de facilité

Face au changement, il existe un réflexe que l’on a tous pratiqué au moins une fois : faire l’autruche. Mais se replier sur soi, mettre réellement ou virtuellement la tête dans le sable, ça ne dure qu’un temps ! Alors les plus rusés, en ces temps de déni, ont trouvé mieux. Parce que « le changement c’est maintenant » mais pour les autres, alors il faudrait donner un os à ronger à l’opinion publique.

C’est là qu’interviennent les as des relations publiques, de la communication et de l’influence. A l’heure où des grand’messes climatiques sont organisées par des pays principalement enrichis par les énergies fossiles de leur sous-sol, petit retour sur une stratégie de dépolitisation. Ou comment culpabiliser le public afin de dévier le sujet de notre propre responsabilité ?

C’est ici que débarque la méthodologie NFC (net carbon footprint), questionnaires et autres applications grand public sur le même thème (évaluez et améliorez votre empreinte carbone, ben voyons !). Alors que tout semble perdu d’avance, l’idée que l’on pourrait tous, individuellement, avoir un impact positif non négligeable vis-à-vis de notre planète, est assez séduisante. C’est même une belle parade anti-déprime, non ? La notion d’empreinte carbone possède un double visage : a priori elle fait peur, elle pousse au défaitisme ou du moins à beaucoup de pessimisme. Mais elle peut être recyclée dans une boucle d’actions concrètes et vertueuses, dans un élan individuel relayé par de nombreux mouvements associatifs et autres ONG.

Comme le rappelle Mark Kaufman : « Shell (…) hired the public relations professionals Ogilvy & Mather to promote the slant that climate change is not the fault of an oil giant, but that of individuals. »

Ainsi tout est réduit, ou tenté de l’être, à l’échelle individuelle. Tout serait « de votre faute », « de notre faute » mais en aucun cas de la leur (celle des industriels, des fournisseurs). Mais il y a bien sûr un loup. Et ce loup, il rôde du côté de la Cité, du côté des citoyens-électeurs. Bref, du public consentant à sous-traiter les grandes décisions à des organismes nationaux ou supranationaux. Car en effet, si l’on réduit ces petites histoires de CO2 ou de pollutions à une transaction client-fournisseur, selon la naïve et simpliste loi du marché, alors exit les pouvoirs publics. Exit la vox populi. Et vive l’endormissement collectif.

Laurent

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