Un très léger effort, accessible dès le plus jeune âge, permettrait à chacun d’entre nous de prendre un soupçon de recul sur le monde qui nous entoure. Un très léger effort, tel une petite promenade loin des sentiers battus, peut très vite nous amener, en se retournant derrière nous, à croiser du regard le « système ». Terrifiant pour les uns, ridicule pour les autres. Menace, inquiétude, opportunité : question de point de vue personnel !
Qu’est-ce que c’est que ce « machin », ce système ? En théorie il s’agit d’un ensemble d’éléments qui sont liés entre eux, ou interconnectés. En principe on s’attend à ce que ces éléments soient des êtres humains et tout ce qui en découle : habitudes, règles de vie, normes, législations, procédures, réflexes, consommations, investissements, organisations (publiques ou privées). Le système est forcément grand et tentaculaire. C’est ce qui peut effrayer ou dérouter ! Le système, ensemble vivant, est à la fois dynamique et évolutif, mais aussi terriblement inerte, lourd, écrasant. A peine remis de nos peurs des créatures préhistoriques, dinosaures supposés réels ou monstres imaginaires, nous voilà confrontés au système.
Le système peut nous broyer, nous étouffer. C’est une impression bien réelle, parfois. Mais très subjective. Et si le système n’était qu’un monstre aux pieds d’argile ? Qui ne sait plus où il va, avance en mode automatique et sans pilote ? Face à cet l’imposant engin, à l’image d’AT-AT ou du vaisseau amiral sur le déclin, on aurait tort d’en avoir passivement peur !
Qu’on se souvienne de la bravoure d’autres héros, non pas issus de la science-fiction, mais ceux des guerres du passé. Pendant l’occupation nazie en France, la peur du nouveau système – système politique imposé par le très discutable régime de Vichy – s’est muée en résistance et en contre-attaques régulières. Stéphane Hessel le décrit fort bien dans son tout petit livre « Indignez-vous ». En temps de guerre, la vraie nature humaine, en mode héroïque, semblerait presque aller de soi ! Aujourd’hui en période apparemment apaisée, en « zone libre », notre vigilance est, on peut le regretter, bien plus basse ! Nous semblons presque lâches et fatalistes, englués dans notre confort matériel et nos soucis du court-terme. Alors qu’on se le dise : le système est comme il est, imparfait mais il faut « faire avec ». Ce qui n’empêche pas les obsédés de démocratie, les lanceurs d’alerte de tous poils, d’essayer de nous maintenir éveillés. Pour garder notre flamme intérieure, notre vigilance salvatrice contre toutes les hyènes du système qui rodent autour du camp, à la tombée du jour…
Faut-il avoir peur du système ? Le système médiatique et politique semble avoir largement savonné la planche de tous les candidats à la révolte. Et la « pensée unique » est là pour essayer de remettre les moutons égarés dans le droit chemin. Alors la peur est un outil psychologique ultra-puissant, qui peut agir comme une sorte d’hypnose collective, une distraction parmi d’autres pour nous tenir à distance du système. Comme si aux portes du système il était écrit : propriété privée, défense d’entrer ! Mais Internet et l’explosion du « peer-to-peer » contribuent à affaiblir tout système (médiatique, politique, économique) centralisé.
Se libérer du système est vital, car toute dépendance excessive à un système qui nous échappe nuit obligatoirement au bonheur. D’ailleurs les puissants, ceux qui semblent détenir les clés du système, ne vivent pas dedans, mais au-dessus. Privilèges obligent ! Quand au commun des mortels, il lui faut savoir oublier le système. Le temps d’un week-end ou le temps de quelques mois. Réflexe salvateur, la déconnexion est en réalité à portée de mains, pour qui sait saisir la prise et tirer dessus ! Mais cela ne passera pas que par l’extinction de tel ou tel appareil électronique. Mais qui sait, le jeu en vaut la chandelle. Et peut-être cette déconnexion servira-t-elle aussi à mûrir de nouveaux projets, à poursuivre de nouveaux buts exaltants ?
Laurent