La géopolitique est, selon son précurseur français Yves Lacoste, « l’étude des rivalités de pouvoir(s) et/ou d’influence(s) sur un territoire donné ».
En apparence, la géopolitique est un sujet complexe et étranger au commun des mortels. Pourvu qu’une vaste majorité d’individus passent leur chemin. Car rares sont les questions plus épineuses, dérageantes voire explosives, que celles soulevées par la géopolitique ! Alors il vaut mieux, pour le bien-être des puissants et des gouvernants, parer la géopolitique d’une auréole mystérieuse et indéchiffrable, pour rendre le sujet inaccessible à Monsieur ou Madame Toulemonde. « Puisqu’on n’y peut rien », pense le peuple face à l’état des relations entre états, entre nations, entre territoires. Sagesse populaire, quand tu nous tiens !
Tout d’abord, la géopolitique n’a aucun sens si on ne l’observe qu’à l’instant t, version actualités. C’est une sorte d’antimatière : invisible à l’oeil nu ! Dès que l’on prend un peu de distance historique et critique, de nouveaux paysages apparaissent comme par magie. L’histoire des relations humaines et du pouvoir semble souvent se répéter. Mélange subtil, à la base, d’histoire et de géographie politique, la géopolitique nous enseigne beaucoup de choses sur les motivations humaines, sur la psychologie collective. La géopolitique reflète une certaine image de nos civilisations, de la tradition et de la modernité, de la guerre et aussi – fort heureusement – de la paix.
Mais qui s’intéresse vraiment, spontanément, à la géopolitique ? Le curieux incorrigible ? L’inquiet de service ? L’homme ou la femme d’affaire consciencieux(se) ? Hors des facultés de science politique du monde entier, la géopolitique est abordée à différentes échelles, mais rarement pour elle seule. Elle est un outil de décryptage du monde et de son évolution. Elle nous renvoie souvent à des images désagréables, des conflits au long cours (conflit israélo-palestinien, conflit afghan, irlandais, ex-yougoslave, sino-japonais, etc.) La géopolitique s’invite difficilement au JT, encore moins chez les boucleux assermentés de l’information façon gavage d’oies ! En effet, ce n’est jamais le moment de poser méthodiquement, tranquillement, le contexte géopolitique. Passons vite au prochain thème de la demi-heure ou de la minute en cours ! A diffuser en fin de soirée…
La géopolitique est tout sauf une science dure et exacte. Et pourtant, à y regarder de plus près, la géopolitique est un de ces domaines qui nous éclairent sur le sens de la vie, sur le sens de nos vies en tant qu’animal social. La géopolitique s’invite régulièrement à la table des négociations internationales, elle nous rappelle notre sens aigu du désordre et de la chamaillerie entre peuples voisins. Parfois son inertie paraît écrasante, comme si la géopolitique « faisait autorité ». En tout cas elle téléscope et menace les plus grands projets internationaux au plan commercial, énergétique, environnemental et sanitaire. Malgré sa connotation assez négative et peu encourageante, la géopolitique nous rappelle aussi nos capacités, de temps en temps, à faire preuve de « sens collectif », voire d’intelligence !
Laurent