Quel est le point commun entre une directrice financière et une commissaire de police ?
Vous séchez ? Elles utilisent toutes les deux la théorie du singe ou Monkey management, avec leurs équipes. (tiré d’un dîner récent d’anciens élèves tout à fait sympathique, auquel il m’a été donné d’assister)
Le principe : lorsqu’un collaborateur entre dans votre bureau avec un petit singe perché sur son épaule, votre unique stratégie va consister à tout mettre en oeuvre pour que le petit singe reparte avec lui, lorsqu’il s’en ira.
Pourquoi ? Parce que ce singe, de taille variable représente un PROBLEME, et qu’il est hors de question que vous gardiez tous les problèmes dans votre bureau. Votre collaborateur doit pouvoir échanger autour de sa problématique, soupeser les différentes solutions ou méthodes, et repartir dans son propre bureau traiter le dossier.
A chaque fois qu’un collaborateur a quitté la pièce, vous devez surtout vous assurer qu’il ne vous a pas refilé tout ou partie de son problème. A savoir que le petit singe, si mignon, n’est pas resté dans votre espace, attendant que vous lui donniez des bananes.
Nous avons tous à un moment ou à un autre la tentation de dire : « Ok je vais voir ce que je peux faire. »
Halte-là ! C’est le moment précis où sans le savoir, vous adoptez un singe.
En poussant le zèle un peu loin, vous courez le risque d’avoir une horde de ouistitis, orangs-outans, bonobos, et autres gorilles sur votre bureau… avec la fastidieuse tâche de les nourrir sans que vous n’ayez plus le temps de faire autre chose.
Maintenant que vous avez le compris le danger, il ne reste plus qu’à mettre les théories de William Oncken en pratique.
Attention, dès que l’on vous demande votre avis sur un sujet, même innocemment, le risque de finir avec un singe de plus dans votre collection est réel.
Il va donc falloir vous habituer à raisonner « Monkey management » et à ne jamais perdre de vue la paternité du problème. Prenez votre collaborateur par la main, faites-lui faire le tour de la question pour lui faire envisager tous les aspects, consentez à éduquer le singe pendant un petit moment, mais jamais au grand jamais, vous ne devez vous résoudre à l’adopter.
Votre collaborateur devra réfléchir à son plan d’actions et à sa mise en oeuvre et vous programmerez des rendez-vous réguliers de suivi pour discuter avec lui de l’avancement de son sujet.
Savez-vous à l’inverse ce qui se passerait si vous acceptiez de prendre en charge tout partie du dossier critique ? Votre collaborateur finirait par venir vous demander des nouvelles d’un dossier dont il aurait du se charger lui-même, et on assistera alors à un curieux retournement de situation hiérarchique.
Naturellement, cette méthode est aussi à appliquer par votre équipe, car on peut se faire refiler des singes à tout étage de la hiérarchie.
Certaines personnes sont particulièrement habiles pour se défaire de leur ménagerie au profit du bureau des autres.
On reconnaît par ailleurs facilement le collectionneur de singes, à son stress, à sa difficulté à faire face aux urgences et à hiérarchiser les priorités. Il n’est déjà pas facile de s’organiser soi-même sans avoir en plus à prendre en charge les problématiques des autres.
Alors, combien de singes avez-vous dans votre bureau ?
Si vous en avez un nombre déraisonnable, rendez-les immédiatement à leurs propriétaires respectifs, vous ne vous en porterez que mieux !
Christèle
Il y a du « monkey flow » dans cet article. C’est drôle et terrifiant à la fois. Parole d’ancien ouistiti ! Quoique ça marche aussi @home le Monkey management…
Bonjour.
La théorie du monkey management est ancienne (au moins trente ans), mais c’est réjouissant de la retrouver reformulée.
Merci.