A une époque pas si lointaine, on a imaginé qu’après avoir envoyé des hommes en l’air, à la conquête de l’espace, on recyclerait nos chères fusées en espèces de camions-poubelles spatiaux.
Idée farfelue mais potentiellement rusée lorsqu’on accumule des déchets vraiment gênants (chimiques ou radioactifs) et pour lesquels on ne sait vraiment pas quoi faire ! La preuve parfois des limites de notre génie créatif… lorsqu’on butte devant la finitude du monde. Oh et puis « n’en jetez plus » dirait l’espace s’il pouvait parler, vu les milliers d’objets qui flottent en orbite au-dessus de nos têtes (Gaulois, tous aux abris, risque de chute !)
www.nature.com/news/2011/110315/full/news.2011.161.html
Faute d’atterrir je ne sais où dans l’espace, nos poubelles prennent de la place, de l’espace.
Des poubelles dans l’espace aux poubelles de l’espèce (humaine). En France dernièrement un reportage relatait l’acheminement des poubelles marseillaises à des centaines de kilomètres, pour cause de décharge locale saturée. Quand on ne trie pas encore ou qu’on ne peut tout incinérer, on accumule et on recouvre de terre. Fin de l’histoire, en apparence du moins car c’est faire fi de l’activité sous-terraine et autres nappes phréatiques et autres résurgences façon Manon des Sources.
Nos voisins Italiens ont marqué des points au championnat de la médiocrité du côté de Naples avec décharges illégales cotoyant décharges légales et incinération sauvage en plein air (dégagement de quelques composés type dioxine) pour le bonheur des riverains et de quelques consommateurs européens de mozzarella et tomates low cost. Naples, Neapolis, nouvelle ville propre ? En tout cas un certain De Magistris, nouvel élu local, semble avoir mangé du lion (sans sauce tomate locale) et pris le taureau par les cornes. Depuis 2011 il s’est résolument (quand on veut, on peut !) engagé dans la chasse à la Camorra (espèce locale de mafia très résistante aux répulsifs), aux décharges sauvages et a lancé une grande campagne de changement des habitudes, au profit du tri. Si, signori, signore ! On lui souhaite quand même bien du courage, mais avec l’éviction de S.B. l’Italie peut se remettre à rêver.
Ici en Pologne ce sont chaque matin des brigades officieuses de trieurs-fouilleurs qui viennent inspecter nos déchets à la recherche de quelque précieux contenant métallique. Au pays du système D, on fait avec les moyens du bord. Comme en France et presque partout dans le monde « civilisé », la collecte des déchets se fait, le tri beaucoup moins. Heureusement, on l’attendait une fois de plus comme le Messie : la technologie du tri débarque. Alleluia, il serait presque inutile de changer nos habitudes ! Chouette !
Et comme les enfants apprennent le tri à l’école, alors nous voilà sauvés. Au pire ce sont eux qui nous apprendront. Un moment de honte est vite passé…
Les poubelles de l’espèce humaine voyagent bien, comme n’importe quelle marchandise banale. Qu’on ne veule ou ne peuve (économiquement) recycler chez nous, pas de problème ! On désosse bien d’énormes bateaux occidentaux, humainement vides mais passagèrement chargés côté polluants (hydrocarbures, amiante, etc.) sur les côtes indiennes. Et pour nos appareils électroniques en tout genre, direction l’Afrique. Le spectacle n’est pas beau à voir, alors passons-nous de photos ou vidéos. Imaginons simplement.
On nous promet l’économie circulaire, la relocalisation, la sobriété, alors y a qu’à…
Laurent
Post-scriptum : Il y a le ciel, le soleil et… la mer
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