Vu d’avion, soudain tout s’éclaicit. C’est au-delà des brumes, ou de la mer de nuages, en tout cas bien au-dessus du plancher des vaches, qu’apparaît la ligne de crêtes. Un défilé géologique, immense, qui se dresse à l’horizon. A cet instant où l’avion poursuit son ascension, tous les passagers de l’avion sont bien affairés. Mais combien prendront le temps d’admirer ce qui s’offre sous leurs yeux ? Nous volons vers le Nord et nous nous apprêtons à longer les Alpes françaises avant de survoler le lac Léman. Puis se sera une rapide incursion en territoire hélvétique, haut-lieu de montagne, centre alpin par excellence. Avant d’atterrir dans la capitale bavaroise. Mais en attendant, nous avons droit à un « travelling » français…
Aujourd’hui je suis assis du mauvais côté. Pas de chance ce matin ! Mais j’aurais pu être prévoyant, mais à ma décharge la météo au sol n’était guère tentante. Aussi, ma seule chance de voir quelque chose, ce sera à deux occasions un coup d’oeil furtif au travers du hublot opposé. D’abord pour tomber par hasard sur la silhouette caractéristique des Aiguilles d’Arves, saupoudrées de nouvelle neige. Des sommets savoyards si pimpants sous le soleil du matin. Puis c’est au loin, en ombres chinoises, que le massif du Mont Blanc capte mon attention, presque malgré moi. Car ce n’est pas faute d’être passé devant ce panorama aérien maintes et maintes fois. Je devrais être blasé. Mais rien n’y fait : je m’amuse une fois de plus à ce petit passe-temps : chercher du regard, deviner puis reconnaître le paysage. L’identifier, si possible en se rappelant de la toponymie. J’ai un faible pour le paysage de montagne. Le relief est comme un langage à lui tout seul. Alors en plein décodage et j’aperçois, non sans joie, les Dents du Midi. Comme un ami fidèle qui serait resté là, à m’attendre. N’est-ce pas un peu immodeste ? Hasard ou coïncidence qui veut que ces « dents » semblent avoir un lien de parenté avec les Aiguilles d’Arve, vu leur ressemblance au niveau de la forme et vu leur altitude assez proche.
Ces sentinelles, posées près de la frontière franco-suisse, je les devine simplement en ombres chinoises. Elles me servent de point de repère d’une fiabilité sans faille. Alors il me reste à regarder plus à droite, côté français, pour retrouver les sommes du Haut-Giffre. Ruan, Tenneverge, Buet et même le moins connu Cheval Blanc. Ces montagnes qui émergent des nuages sont splendides. Parées de blanc, déjà décorées en mode hivernal. Elles sont toujours la promesse d’un bel hiver !
Laurent
Jolie description, pleine de poésie – merci – Renée