A quoi servent les Parcs Naturels ?

L’histoire mondiale des parcs naturels est riche d’enseignements sur le rapport entre l’homme et son environnement. Mais aussi sur la prise de conscience de l’importance de préserver des espaces naturels et sur les relations difficiles entre le mode de vie moderne et le mode de vie traditionnel.

On se souvient du Parc National de Yellowstone, fondé dès 1872, dans l’Ouest Américain. Une collection unique au monde de geysers. Des bisons, des ours, des loups et des élans en pagaille sur une superficie de 890 000 hectares. Une goutte d’eau, pourtant, face à l’immense parc national du Nord-Ouest du Groënland, créé dans les années 1970. En 1879, en Australie, fut créé le Parc Royal, au Sud de Sydney. Ce parc fut victime d’un feu de brousse en 1994. L’histoire européenne des parcs naturels, quant à elle, remonte au début du XXème siècle, en Suède puis en Suisse. Aujourd’hui l’Europe compte plus de 300 parcs nationaux et on en dénombrerait 4000 au niveau mondial.

PN Groënland

Aux États-Unis, en Australie ou en Nouvelle-Zélande, la création de parcs naturels coïncide souvent avec la volonté politique de préserver des espaces de vie pour les peuples primitifs : indiens, aborigènes ou maoris. Comme si après les épisodes malheureux de la confrontation entre l’homme blanc et les ethnies autochtones, les anglo-saxons avaient voulu se débarrasser d’une mauvaise conscience collective. Certains souligneront la volonté de mettre en place une co-gestion des espaces naturels protégés. D’autres au contraire dénonceront le manque de respect à la fois des espaces naturels, mités par la pression immobilière et les projets industriels en tout genre, et des populations locales, souvent mues par un instinct nomade, difficilement compatible avec la vie moderne et sédentaire !

Aujourd’hui, de nombreux acteurs économiques ont bien intégré la valeur d’image des parcs naturels. En Afrique, à Madagascar, au Brésil ou dans le massif des Anapurna ou du Sagarmatha (Everest), l’heure est à un business juteux : celui de l’écotourisme. Pourtant les menaces restent grandes, et le colonialisme ne semble pas avoir disparu, loin s’en faut. Si l’on commence par le haut, dans l’univers hostile de la haute montagne, quel alpiniste ou himalayiste occidental s’est jusqu’ici vraiment soucié de ses propres immondices ? Au large des côtes de la Guyane Française, le projet d’un géant pétrolier aura coûté son poste à la première ministre de l’écologie et du développement durable de l’ère Hollande. Ainsi Nicole Bricq n’aura finalement rien pu faire face aux pressions insistantes du lobby, « business as usual » oblige. Et on se souviendra de la suffisance et de l’arrogance du patron d’un fournisseur de pipelines à son égard, si fier de savoir avant tout le monde que la ministre ardente protectrice de la forêt primaire était assise sur un siège éjectable !

Mais revenons au concept d’écotourisme : de la jungle aux plus hautes terres, celui-ci ne pourrait-il pas servir de rempart contre un autre fléau : celui du braconnage, une autre forme traditionnelle d’exploitation abusive du milieu naturel ? Et l’expérience acquise au sein des 4000 parcs nationaux que compte notre planète n’est-il pas une voie privilégiée pour développer et généraliser une approche durable de l’agriculture et de la forêt, dans un soucis vital de préserver la biodiversité ?

Nord contre Sud, industrie contre environnement, peuples primitifs contre multinationales… au fond la question des parcs naturels nous renvoie à cette impression générale de fatalité et d’impuissance qui caractérise notre époque. Le côté sanctuaire des parcs nationaux peut sembler dérisoire face à ce que l’homme inflige au restant de la planète. Et pourtant, l’existence même de ces espaces protégés en dit long sur notre besoin vital de règles et de limites, n’en déplaise aux chantres ultra-libéraux, aveuglés par leur égoïsme.

Laurent

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