Le miel est un produit de luxe. Comme tout produit de luxe, il est par nature rare et cher. Quand même, quel dommage que ce soit ainsi ! Dommage pour les producteurs et revendeurs, en mal de volume. Dommage aussi pour les amateurs d’une telle douceur. Mais le miel, comme tout délice hautement sucré, suscite des élans de « créativité »…ou de tricherie ? Depuis très longtemps, les apiculteurs ont été tentés par des apports en sucre, pour compenser les aléas de la « production naturelle » des fleurs, sources de nectar et de pollen dont se chargent les petites abeilles butineuses. Depuis longtemps aussi, les essaims ont été exposés à des parasites ou à des prédateurs, les uns endogènes, les autres exogènes (d’importation, comme le varroa destructor ou le frelon asiatique, alias vespa velutina).
Loin des ruches, dans les rayons des supermarchés, des marques astucieuses se sont fait un nom en jouant à la fois sur le contenant (façon ketchup ou moutarde, avec système anti-goutte incorporé) et sur le contenu (rendant le miel particulièrement liquide, donc facile à tartiner…) Il n’aura peut-être pas échappé au consommateur de miel qu’à l’état naturel, la plupart des miels, à température ambiante, sont soit solides soit crémeux. Mais certainement pas liquides ! D’une part, des fraudes se sont installées un peu partout dans les linéaires, à la faveur de l’ouverture des frontières et du fameux miel « hors UE ». D’autre part, la législation est assez poreuse et permissive, dans l’intérêt de pratiques plus productivistes que qualitatives.
C’est que le bon miel coûte cher. Il coûte cher car sans l’ajout de sucre ou de sirop de glucose à base de maïs ou de canne (sucre « exogène »), et sans ajout d’eau, on ne peut compter que sur le dur labeur des abeilles. Des abeilles elles-mêmes tributaires des conditions météorologiques. Et victimes d’agressions, exogènes aussi, en tout genre : fauche des champs de fleurs (reviennent à une hécatombe du stock de nectar), usage systématique de pesticides truffés de néonicotinoïdes, etc. Rien qu’en France, la production nationale aurait été divisée par trois en trente ans !
Les normes européennes sont régulièrement contournées, comme l’indique une étude de l’UE de 2015, révélant un taux de 32% de non-conformité. Mais le rayon miel comme tous les rayons de la grande distribution font l’objet d’une guerre des prix. Une guerre économique qui « pousse à la faute ». En somme, ce serait la faute aux consommateurs, ignorant la réalité du travail de l’apiculteur et des abeilles, mais toujours en quête de prix bas et autres « bonnes affaires » !!
Selon Étienne Bruneau, responsable de la commission qualité au sein d’Apimondia (syndicat mondial des producteurs de miel), seul 15% du miel chinois respecterait les normes. Dans le milieu des apiculteurs européens, on dénonce l’incroyable envolée des exportations chinoises, alors que le nombre de ruches aurait dans le même temps assez peu progressé. La « faute » à la dilution du miel avec des sirops, d’après Norberto Garcia, interrogé par le site Reporterre. Pour revenir à la France, notre consommation annuelle de miel serait d’après les chiffres de 2016 quatre fois supérieure à notre production. Ce qui en dit long sur notre dépendance extérieure mais aussi, sur les différences de coût de production et de méthodes de production. Concurrence déloyale ?
Un petit détour au dos des étiquettes de nombreux miels de marques de distributeurs en dit long sur le « flou artistique » qui règne en maître de nos jours. Miel « toutes fleurs » ou « mélange de miels d’origine U.E. et hors U.E. » Bonjour la précision !
Laurent
Article tres utile pour mon mémoire . Désolé mais j’ai screen l’image haha