n’est pas le nom d’une nouvelle série, dans la mouvance de la fameuse série américaine, The Big Bang Theory. La trickle-down theory n’a pas grand-chose à avoir avec l’astrophysique. Il s’agit d’une vision de l’économie assez mécaniste, comparant la circulation de la richesse avec celle de l’eau, ruisselant un peu partout. L’économie du ruissellement (en VF) prétend que l’argent des riches finit toujours par ruisseler jusqu’aux plus pauvres. Elle prétend donc que toute croissance est bonne pour tous.
En période électorale, elle permet de faire avaler les pilules les plus grosses. Comme un énième programme de libéralisation, d’assouplissement, sur de grands airs d’entrepreneuriat et de création de valeur. Mais toujours selon une vision mécaniste, comparant l’économie avec une construction mécanique. C’est tellement simple, tellement facile à visualiser, qu’on y croit déjà. En cette période post-coupe du monde de football, partons faire un tour… au Brésil ! Le pays 5 fois champion du monde est aussi un champion des inégalités.
On peut y voir un spectaculaire ruissellement, non dans l’économie, mais plutôt aux chutes d’Iguaçu. A Rio de Janeiro coexistent des favelas, comme Rocinha, et des quartiers huppés autour des plages d’Ipanema ou de San Conrado. A première vue, il semblerait que les lois de la physique étant ce qu’elles sont, le ruissellement à remonte-pente a bien du mal à se réaliser. D’un côté une économie officielle, surfant sur la mondialisation, avec ses héros, ses champions nationaux. De l’autre, une économie souterraine où coexistent misère et trafic de drogues en tout genre. Fin 2017, Les Echos déclaraient qu’au Brésil, les inégalités ont la vie dure.
Mais puisqu’un seul exemple ne suffit pas, retournons voir ce qui s’est passé en France. Dans notre beau pays, le fossé n’a cessé de se creuser entre les classes les plus aisées et les classes les plus modestes. Il existe un indicateur assez méconnu du grand public, nommé indice de Gini. Il mesure l’écart de revenus au sein même d’un pays. Alors que, dans l’élan des Trente Glorieuses, cet écart avait nettement baissé, depuis 2004 la tendance longue est au creusement des inégalités. Ainsi le niveau de vie des plus riches a continué d’augmenter là où les classes modestes ont plutôt connu une stagnation.
Mais où est donc passé ce ruisseau sacré des économistes ? Un petit détour dans les banlieues, zones de non-droit souvent laissées à elles-mêmes, montre bien qu’il demeure un important écart d’un quartier à l’autre… Les Américains parlent de « zip code effect », voyant une forte corrélation entre le code postal, donc le lieu de vie, et l’espérance de vie (donc la santé). Par quel excès d’optimisme les hommes politiques continuent-ils de croire en l’effet magique dudit ruissellement ? En Europe, l’indice de Gini moyen pour l’U.E. est passé de 0,290 en 2000 à 0,309 en 2010. Il serait bien sûr intéressant de voir la suite, afin de voir si le début d’un ruissellement finira, un jour ou l’autre, par se produire. Comme par enchantement…
Laurent