Passe ton bac d’abord….! Leitmotiv bien connu, hérité de nos parents ou grands-parents, qui eux-mêmes en étaient au certificat d’études, mais qui est en passe de devenir démodé.
Le cri du cœur aujourd’hui serait plutôt : Passe d’abord ton Bac + 5 !
Avec la crise, la frilosité est de mise et les diplômes deviennent une condition nécessaire mais pas suffisante (vous vous souvenez des cours de mathématiques au collège qui vous enseignaient cette notion ?).
Vingt ans après la politique des 80 % d’une classe d’âge titulaire du bac, on assiste à l’effondrement de la valeur d’un Bac + 5 sur le marché de l’emploi.
Enchaînant stages non rémunérés et CDD ou missions déqualifiées, pour ne pas rester au chômage, nos nouveaux diplômés souffrent d’un recrutement qui est devenu schizophrène : les diplômes oui, le salaire non. Et l’on assiste à un nouveau phénomène le déclassement, qui consiste à accepter un niveau de poste inférieur à ce que son diplôme permet d’espérer.
Plus de 30 % des bac + 5 de 2007 sont déclassés en 2013, contre 20 % chez les bac +3.
Nous ferions donc 23 ou 24 ans d’études, pour ensuite brader ce niveau de connaissances acquis ? (même si la provocation m’oblige à dire qu’il y a tout de même du temps perdu au milieu…)
C’est ainsi que certains envisagent une reconversion radicale comme un CAP pâtisserie ou une formation de masseur, pour changer de vie et au moins se faire plaisir même si le salaire n’est pas au niveau d’espérance initiale.
Sommes-nous en train de fabriquer une société qui repousse à la fois ses jeunes et ses anciens ? Comme dans le cinéma d’Hollywood, on est désormais bankable très peu de temps sur le marché du travail, entre 35 et 45 ans au mieux.
Et que fait-on durant les 20 ans qui restent avant la retraite ?
Cela repose sérieusement la question de la formation. Nous qui en cas de catastrophe nucléaire, comme dans les romans de Barjavel, sommes désormais incapables de plumer un poulet ou faire pousser des tomates, rêvons de Bac +5 hypothétiques qui amènent au mieux, un salaire un peu supérieur au SMIC et beaucoup de stress.
Et si la décélération c’était aussi réadapter nos formations au marché du travail, le niveau du recrutement aux postes ? Et si au lieu de tout miser sur les Bac + 5, on essayait d’apprendre aux jeunes à créer, à gérer une PME, et surtout si on leur faisait confiance ?
Après tout le Bac +5 est une invention moderne : on s’en est passé pendant des millénaires. Même Léonard de Vinci n’avait pas ce précieux sésame…
Christèle
Pour aller plus loin :
René Barjavel – Une rose au paradis
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Un article américain très complet sur le « professionnalisme » et la méritocratie, le rôle du QI (une invention française bien vite dévoyée par les anglo-saxons) et les MBAs. Et une réflexion sur cette Amérique qu’on pense si entreprenante… c’était il y a 30 ans !
http://www.theatlantic.com/magazine/archive/1985/12/the-case-against-credentialism/308286/
Bonne lecture,
Laurent