Dans les exploitations intensives, 15% des jeunes veaux décèdent dans les premières semaines*. La médecine animale est une industrie florissante. Comme pour la santé humaine, il est beaucoup plus juteux de traiter par médicaments conventionnels (Paul Polis parle de chimiothérapie) que de se poser la question des causes, de l’environnement. Ne tuons pas la poule aux oeufs d’or. C’est un fait, facilement compréhensible par tout un chacun, que les conditions insupportables des élevages intensifs ne peuvent qu’entraîner une mortalité accrue. L’espérance de vie des bovins est en baisse. Le mode de vie et la nourriture sont inadaptés. Mais pourvu que la viande et le lait soient au rendez-vous, peu importe comment tout cela est produit ! Fermons les yeux sur une hygiène de vie détestable et sur ces nouveaux camps de concentration en lieu et place des traditionnelles étables.
Le système, basé sur le copinage en haut lieu entre l’état et certains lobbies, mène l’agriculture à la baguette. Lors de l’affaire de la « langue bleue » des éleveurs ont désobéi alors que la vaccination était devenue obligatoire. Mais ces mêmes hors-la-loi d’un jour eurent gain de cause. Les animaux s’immunisent seuls ! La nature n’est donc, en déplaise à certains pharmaciens, pas si mal faite que ça… Le vaccin devint seulement facultatif.
Homéopathe et vétérinaire, Paul Polis adopte une approche holistique, que tant d’industriels refusent délibérément d’adopter. A contre-courant de la vision rationnelle productiviste et mécaniste héritée du XIXème siècle, il met en avant le pouvoir des « invisibles » dans l’élevage. Ce sont toutes ces petites choses en apparence qui, mises bout à bout, vont faire que l’élevage se déroulera dans de bonnes conditions. Et de citer une étude britannique au sujet de la productivité des exploitations laitières. Contre toute attente, la palme de la productivité fut remis aux exploitants qui avaient gardé l’habitude de donner un nom à chaque vache !
Hélas les vaches, animaux sociaux, ne vivent plus en troupeau mais en bande. Le veau est séquestré, isolé.
Sans éducation, reste la violence. Plus tard, après insémination artificielle, les génisses rejoignent la bande adulte. Dans cet environnement chaotique à l’image de certaines banlieues, tous les coups sont permis. Les animaux sont devenus asociaux. Alors on leur coupe les cornes. Remède autant douloureux qu’inesthétique ! Les relations entre l’homme et l’animal deviennent anormales. Il n’y a plus de domestication, plus de confiance. L’homme a peur. Et l’animal ?
Aujourd’hui, à l’heure de la pensée unique et du prêt-à-manger, la dictature technologique et le carcan administratif (français et européen) font le malheur de l’agriculteur et de l’animal. Le consommateur et citoyen, le plus souvent urbain donc déconnecté de cette réalité, peut-il en sortir indemne ?
Laurent
*13% selon la chambre d’agriculture de Bretagne dans les élevages laitiers.
Paul POLIS – Vivre avec les animaux – Une utopie pour le 21ème siècle