Bienvenue à l’économie circulaire !

La démesure de l’économie mondialisée, avec ses hordes de porte-conteneurs géants, ses flux de matières premières, de marchandises et de services à grande échelle, son impact environnemental « historique » et ses effets sur la santé et l’emploi, commence à toucher les consciences. L’Europe est très probablement le continent le plus avancé en matière de normes sociales et environnementales pour le moment. Loin d’être le modèle unique ni d’avoir le monopole de la vertu, l’Europe a vu naître en son sein quelques concepts porteurs d’espoir. En Norvège, champion européen de la vision à long terme, comme dans toute l’Europe, le rapport Brundtland (« Notre avenir à tous ») et son haut niveau d’ambitions à la fois économiques, sociales et environnementales a marqué les esprits en 1987. Plus tôt, le Club de Rome avait tiré la sonnette d’alarme dès 1972 avec son célèbre « Halte à la croissance ! » Aussi célèbre qu’il fut négligé par la plupart des dirigeants économiques et politiques du monde entier. En plein déni d’adolescent qui aurait abusé de sa liberté ! Et le peuple européen, dans son ensemble, a suivi cette politique négationniste.

Vaste projet, l’économie circulaire (cradle to cradle) a été imaginée par Michael Braungart et William Mac Donough en 2002. A l’opposé de l’économie « linéaire » (à l’image du convoyeur, de la matière première au produit fini, terminant sa vie « à la benne »), l’économie circulaire se veut plus durable ou du moins plus responsable ! Signe des temps, l’éminent cabinet de stratégie Mc Kinsey titrait dernièrement sur le potentiel de ce nouveau modèle et son impact sur l’organisation industrielle mondiale. La fin des usines mondiales en Asie du Sud-Est, des empreintes carbone extravagantes, des délocalisations misérables ? A l’heure où l’on redécouvre le « local » et qu’on rêve de réindustrialisation, l’utopie circulaire a le vent en poupe. Dans un monde qui a fini par tourner en rond tout comme notre indicateur fétiche, le PIB, formellement dépassé et intellectuellement toxique, une femme s’est faite l’apôtre de cette nouvelle vision économique. Il s’agit d’Ellen Mac Arthur. Volontaire et pleine d’humanité, elle oeuvre à « inspirer un monde repensé et un avenir positif ». A l’instar de Nicolas Hulot et son bâton de pélerin diplomatique, l’ancienne navigatrice vise autant le grand public que le monde économique. A chacun sa fondation et son effet d’entraînement. Et la France, pour ne pas être dépassée par les événements, de créer il y a peu un Institut de l’Economie Circulaire.Econocirc

Comme à chaque fois, pour qu’un tel changement ne reste pas qu’un phénomène isolé, il faudra que chaque partie prenante se sente concernée et responsabilisée. Il y aura des gagnants (entreprises de collecte et de recyclage) et des perdants (société minières, compagnies de transport maritime, spéculateurs impatients). Mais l’intérêt général, jadis déconsidéré par l’interprétation abusive d’Adam Smith, en sortira grandi ! Au fond, l’économie circulaire n’est qu’une question de bon sens, ce même bon sens terrien dont nos ancêtres étaient mieux pourvus que notre société mondialisée et si souvent déconnectée de la réalité. Et si ça marche, alors nous auront une fois de plus la preuve qu’écologie et économie ne sont pas incompatibles. Et si c’était un chemin de plus pour passer de l’état adolescent à l’état adulte ? Nul doute que nos enfants et petits-enfants seront ravis de l’apprendre !!

Laurent

A voir absolument : http://www.ellenmacarthurfoundation.org/fr/education/resources
Concepts complémentaires : éco-conception, transition, troisième révolution industrielle (Rifkin), décroissance, sobriété

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