… le mois de Mai est terminé ! On retiendra quand même deux dates « historiques », du moins à l’échelle européenne.
– Le 10 Mai, finale du concours populaire de Musique de l’Eurovision. Bien sûr il s’agit d’une vieille histoire télévisuelle. A l’heure d’Internet ça pourrait paraître vieux-jeu ou dépassé ? Que nenni ! La musique, sensée adoucir les moeurs, enrage parfois quelques téléspectateurs et internautes. Il aura suffit d’une victoire transsexuelle autricienne pour déclencher la fureur (ne cherchez pas de mauvais jeu de mots) de tous les esprits obtus. Après tout il ne s’agissait que d’un concours de chanson. Certes nous étions aux heures de grande écoute… Nos voisins Russes ont assez clairement menacé de boycotter la session 2015. Les Polonais aussi, une frange du moins, de se lâcher médiatiquement contre les excès en tout genre, à commencer par ceux de leur concitoyenne Cleo et ses copines de la campagne qui, pour l’occasion, avaient ressorti tenues fleuries provocantes et quelques barattes, façon « babcia » (prononcer « babtcha »).
De l’Eurovision on retiendra aussi, musicalement cette fois, la prestation islandaise, et ses joyeux barbus, signe on ne peut plus sûr d’un pays remis de sa terrible crise bancaire ! Sans oublier la Suède, fidèle à ses standards « pop », ou encore un surprenant Arménien au sobriquet tout trouvé d' »Aram MP3″. Sinon, franchement, quelle mouche les a tous piqué ? Etait-ce la proximité des élections ou le conflit en Europe de l’Est ? Quand la politique de bas étage se mêle à la musique, on peut se demander ce qu’il restera de la liberté d’expression !
– Le 25 Mai, fin de scrutin dans toute l’Union Européenne. Clin d’oeil politique répondant instantanément au clien d’oeil musical de l’Eurovision. C’est toute l’Europe qui s’est réunie pour exprimer, chacun à sa façon, un certain message. Un manque certain d’imagination et de confiance en soi ! Et une défiance vis-à-vis des autres… Autant l’Eurovision reflète assez globalement (sauf exceptions précitées) une certaine médiocrité artistique, et son vote le goût très moyen de la ménagère lambda habituée à la « musique de supermarchés », autant il ne fallait pas s’attendre à des miracles, de hautes ambitions de la part d’un vote ayant perdu de son sens initial (un peu de démocratie directe dans l’intérêt commun européen, alors même que l’UE est sans cesse taxée d’en manquer…) L’inévitable arriva (relire l’Art du Hors-Sujet). Les mêmes qui s’étaient offusqués de l’image dégradante de la fermière polonaise n’auront aucun mal à vouloir sortir le pays de l’UE, réduire les libertés jugées déviantes (gays, femmes « hors-foyer », laïcité) à l’image du Mouvement National de Pologne. Même refrain de la France jusqu’au Danemark, pays hôte de l’Eurovision 2014 !
Alors gageons que Juin soit plus calme et raisonnable. En France et un peu partout ailleurs, soltice d’été oblige, ce sera la grande fête de la Musique. Et si la guerre en Ukraine (qui évidemment n’est pas qu’une affaire intérieure) allait laisser place à la diplomatie, pour laisser place comme il se doit à la torpeur estivale dont nous rêvons tous ?