Rien n’a vraiment changé en France. Comme à la fin du XVIIIème siècle, il flotte un peu partout l’illusion que tout ne va pas si mal que ça. Hâtons-nous lentement. Une révolte nous est annoncée ? Nous avons ouï-dire que des « pigeons » avaient fait du bruit ? et que les nouveaux « bonnets rouges » s’étaient rebellés ? Les vilains ! Faites-les taire, et vite ! Car au fond, bon an mal an, malgré les annonces répétées de mauvaises nouvelles, le paquebot France maintien le cap. Imperturbablement, en apparence et même si la coque prend l’eau. Un mauvaise nouvelle étrangère ou un nouveau scoop people viennent vite effacer le souvenir collectif d’une mauvaise nouvelle franco-française. Et puis la France garde cette idée saugrenue de sa différence, qui la sépare virtuellement du reste du monde. L’idée est attachante, un peu romantique. Mais au demeurant, nul ne sait vraiment vers où va la France. Et aucun parti ne veut vraiment gouverner ce pays sclérosé par l’UMPS, les syndicats et la pensée unique. Reste un parti aux idées extrêmes et divergentes. Un parti qui voudrait gouverner. Mais la France de Versailles le souhaite-t-elle vraiment ?
« Quand tu ne sais plus où tu vas, retourne-toi et regarde d’où tu viens » — Proverbe africain
Il paraît que le pays serait ingouvernable, disent les blasés de la politique. Belle excuse. Cela fait des décennies que l’alternance gauche-droite modérée s’y casse les dents avec l’aval du peuple. Et comme à peu près partout, les élites sont obsédées par leur pouvoir (comme sous l’Ancien Régime). Elles sont trop empressées de conserver leurs avantages, plutôt que d’agir courageusement pour l’intérêt général. La bonne gestion, qui implique modération et sens des limites, n’est pas à espérer. Sauf contrainte extérieure (Bruxelles ou bientôt Washington, via les règles du GMT) qui serait un cas de force majeure ! Quant au peuple, en principe souverain, dans les faits il plane dans cette grande illusion que « ça ira mieux demain ». Car en l’absence de débat de fond, inutile d’espérer un début de réflexion collective, de remise en cause, de quête de sens au niveau national. C’est si confortable, la France de Versailles ! Chacun installé dans sa petite case, profitant de son pré-carré, avec ses petits privilèges, avec l’aval des gens du Château.
CONFORT ET TORPEUR
Tous Versaillais ? La France de Versailles, à l’image de ses monarques d’autrefois, engluée dans la pensée unique, vieillit. La routine s’est installée. Nos habitudes et nos certitudes nous figent. La perspective du changement nous angoisse profondément. Qui ose publiquement discuter de l’essence même de ce que les médias nous relaient ? A-t-on idée du sens réel des chiffres qui nous sont donnés, après infusion par l’INSEE ? Prenons un exemple : régulièrement, la question de la croissance et de l’emploi revient entre deux mauvaises nouvelles internationales. Le mythe de la relance de la croissance, sait-on de quoi il s’agit en réalité ? Nous refusons de tourner la page du PIB, notion superficielle, aveuglante et finalement dangereuse pour la démocratie. Comme nous l’explique Eloi Laurent de l’OFCE, citant la performance des pays du Nord de l’Europe et la contre-performance des Etats-Unis. Nous devrions actualiser, enrichir, ouvrir la comptabilité nationale française comme l’on fait, par exemple, les Suédois. Accepter enfin d’autres critères, porteurs de sens et durables. Redéfinir ce qui donne du sens au vivre ensemble et donc à la démocratie. A l’opposé de cela, les médias français nous répètent en boucle des statistiques sur des concepts VIDES DE SENS. Soit une diffusion de propagande totalement abrutissante quelque soit, à peu de choses près, le rang social de ses destinataires !
Bien sûr quelques esprits divergents (économistes dissidents, chercheurs) s’essaient à élever le niveau. Mais il est temps de le rendre davantage public, pour dresser un nouveau rempart contre l’ignorance populaire et contre la dictature de ceux qui voudraient décider dans le dos et contre le peuple, contre la souveraineté nationale et européenne (voir l’analyse de Raoul Jennar).
PROPAGANDE ET FRANCE D’EN BAS
Le fossé entre la France de Versailles, confortable et repue, et ses marginaux, donne l’impression d’une frontière hermétique. C’est tout le malheur des pauvres et des chômeurs ! Ils sont trop peu visibles et audibles. Trop éloignés médiatiquement du noyau dur de la France, encore restée à Versailles. Comme sous Louis XVI version fin de règne, nous affichons une froide distance vis-à-vis des plus démunis. Et pour se donner bonne conscience, quelques bonnes œuvres caritatives semblent suffire, à grands renforts médiatiques. Mais dans l’ensemble et malgré nos bonnes actions solidaires, nous continuons de rester campés là, dans cette France de Versailles, qui n’entend pas et ne voit pas la France déclassée. Cette minorité est trop silencieuse, trop désorganisée pour représenter, pour le moment, un danger pour l’ensemble de la société. La classe politique ne s’y intéresse guère, calcul électoral oblige. Le marketing politique dans son ensemble reste indifférent à ce « segment de marché ». Car on ne va quand même pas s’intéresser à un marché non solvable !
MARKETING POLITIQUE
Pas plus que les élites et que la plupart des Français, les syndicats (côté employeurs comme côté employés) ne s’intéressent aux chômeurs. Et la société dans son ensemble investit très peu dans la formation professionnelle de ceux qui en ont, pourtant, le plus besoin ! Nos syndicalistes sont donc, eux aussi, très Versaillais et autistes !
Mais le confort et le faste Versaillais nous trompe. Il nous donne l’illusion que « ça ne va pas si mal ». C’est toute la magie manipulatrice du marketing : jouer sur les représentations et les impressions, plutôt que de regarder froidement les faits. Mais attention au jour où le grondement extérieur nous réveillera. Bernanos a écrit : « ne pas revenir sur le passé, c’est la meilleure façon que ce passé revienne sur vous.»
sans oublier la corruption « active ou passive » dont bénéficient ces élites .Non content de leur rente de situation ,ils estiment que leur position leur donne un droit de passage sur des terres qu’ils considèrent comme leurs.Plus discrètement ,il y a les promotions ,les nominations ,qui permettent de récompenser ceux qui ont bien servis le prince
Vu l’état du continent Africain, il semble évident que nous devrions nous inspirer de leur incommensurable sagesse.
De meme que la moderation semble de mise puisque nos chers chefs ont tous fait preuve d’un grand courage tranchant ces dernières décennies.
Et bien évidemment tout cela c’est la faute du PIB…
On est pas sorti de l’auberge!
Merci pour ce commentaire. J’ajouterai que si c’est la faute du PIB, outil comptable créé par les hommes pour,
à un moment donné, « rendre compte » et donc rendre service aux hommes… alors c’est une faute collective.
Erreur de jeunesse jamais reconnue ?
A priori, il faudar que je sois un petit peu plus ironique la prochaine fois