Avant, tout était simple. La vie était une sorte de « long fleuve tranquille » ! Les trente glorieuses, un océan d’abondance, d’insouciance et de confort. La belle vie, quoi. Un beau matin, par paresse intellectuelle peut-être, par autoritarisme scientifique patriarcal sûrement, par soucis de rester dans la course aussi, quelques hauts fonctionnaires lassés par l’attentisme postcolonial décidèrent qu’il était temps d’arrêter les petites expériences nucléaires. Il fallait passer à la vitesse supérieure, celle des grandes cadences industrielles.
Ce sera en fait une mesure imposée sous Pompidou, décision paresseuse car sans réflexion globale. Puis mise en oeuvre par VDG et son successeur et rival, Mitterrand, avec la nucléarisation d’EDF. Quid de l’amont ? Quelles sources d’approvisionnements, quelles réserves en France et à l’étranger ? Quid de l’aval ? Quel recyclage, quel stockage, dans quelles conditions de sécurité et à quel coût ? Quels impacts sociaux, quels coûts cachés… Adieu les hésitations, laissez faire le Corps des Mines. Veuillez signer là, en bas à droite Monsieur le Président…
Mais à l’heure où l’idée européenne (celle d’un « marché commun ») était déjà bien avancée, la France, belle endormie en plein réveil, faisait cavalier seul et allait développer une véritable filière industrielle au leadership technologique et industriel indiscutable (bien que les brevets étaient d’origine américaine, mais passons !) Les corpsards ont bien travaillé, la France est championne du monde dans ce domaine et lanterne rouge dans celui du mix énergétique. Oubliée la diversification et de décentralisation de la production. Alors nous voilà bien mal placés pour gérer l’intermittence des ENR, car une centrale nucléaire ne sait pas faire « on/off/on/off » comme une vulgaire centrale à charbon ou à gaz, c’est bien là le problème français ! Alors avec 54 centrales… Que du « lourd » !
C’était avant le rapport Brundtland ! On n’allait quand même pas se prendre la tête avec des questions trop philosophiques. C’est vrai qu’aujourd’hui on s’embarrasse un peu plus (trop ?) de principes de précaution, que la sécurité est partout, dans tous les débats franco-français, vieillissement de la société oblige diront les pessimistes, maturité et sagesse diront les autres ! Et puis on a vu un certain nuage irradiant dépasser les frontières, malgré l’assurance du Docteur Pellerin en pleine catastrophe de Tchernobyl. Puis on a vu une certaine épidémie de cancers un peu partout se développer, aux causes multifactorielles certes, mais quand même…
Nous vivons à double crédit : celui de nos dettes publiques et privées d’une part, et celui de notre dépendance matérielle. Dépendance envers d’autres pays (tel gisement qu’on ne détient pas, que l’on sait d’avance limité…) La dette fait qu’on dépend par exemple d’une source d’énergie venue d’ailleurs. Comme l’explique bien Jean-Marc Jancovici, tout en notre mode de vie provient de l’énergie. Et une énergie particulièrement abondante (en volume) et bon marché… jusqu’à maintenant du moins ! L’énergie abondante et concentrée (crescendo du charbon au pétrole, au nucléaire) contribue aux sacro-saints gains de productivité. Au final elle permet notre confort matériel et moral (les congés payés et autres acquis sociaux résultent, d’après JMJ, des services apportés par l’énergie, grâce à la mécanisation, à l’automatisation…)
Aujourd’hui encore chaque pays européen bricole dans son coin. Il n’y a pas de stratégie commune comme l’atteste le contraste entre la politique énergétique espagnole, française ou allemande ! Ou comme le montre la virulence du débat entre, par exemple, la Pologne et la France au sujet des gaz de schiste ou des droits d’émission de CO2. Au plan national, le signal prix, trop timide et manquant d’ambition, confine au conservatisme, d’où l’attentisme et l’inaction des ménages comme des entreprises. Sarko avait déclaré un jour : « l’environnement ça suffit ». Flamby, paritaire à sa façon, aura préféré user des femmes-soldats au poste ô combien ingrat de Ministre de l’environnement en quelques mois. Record absolu de turn-over ministériel qui prouve bien qu’il n’y a pas que la tête de l’état qui part en glissade. Notre cher président, bourreau des coeurs, aura voulu rendre la monnaie de sa pièce à son prédécesseur (et son « Grenelle ») en ouvrant un débat sur la « transition » qui accoucha finalement… suspense et roulement de tambour… d’une souris !
Les énergies fossiles sont approuvées par le capital, comme nous le rappelle chaque jour l’oncle Sam en pleine bulle de gaz de schiste (qui pètera un jour ou l’autre). Les énergies dites renouvelables, elles, ont encore besoin de soutien étatique et de recherche. Mais on nous le répète depuis l’affaire des subprimes : les temps sont durs. Trop durs, trop austères pour avoir un semblant de vision d’avenir et de courage ? Alors il ne reste plus, en pensant à nos enfants (qui parfois nous observent), à clamer, tous en coeur : « bonne nuit les petits ! »
Laurent
Voir aussi manicore.com, le site que seul un ancien de l’X sait faire (de quoi s’y perdre !)
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une émission sur le sujet de l’énergie et de l’écologie en France en 5 partie ! ce qui me choque le plus n’est pas les propos contre l’écologie de certaines personnes, ni le discours de la porte parole du ps ou le discours de ce citoyen comme les autres : en colère … ce qui me choque c’est l’incapacité de ces personnes à communiquer ! je pense que c’est l’un des plus gros problèmes auquel nous faisons face aujourd’hui en france comme surement un peu partout ailleurs dans les pays ou l’individualisme prime !