La langue du climat

Le climat est long un serpent de mer, un sujet qui souvent nous laisse de glace. Ou qui, sporadiquement, peut nous enflammer ! Parfois il nous exaspère comme face à un problème qui nous dépasse. Depuis vingt ans, le climat connaît des problèmes de compréhension et des soucis de voisinage avec les hommes.

Avant, dans une société essentiellement rurale, la météo affectait énormément les hommes, et très directement. Le climat, beaucoup moins. On se contentait d’adapter notre agriculture au climat, en raisonnant local. Mais de nos jours, l’affaire climatique est devenue ultra-sérieuse ! Comme si le thème du climat était sorti de ses gonds. Et comme toujours, au niveau économique, les intérêts des uns ne sont vraiment pas ceux des autres (stations de ski et compagnies pétrolières, pour n’en citer que deux).

Changement ou réchauffement : que nenni disent ses opposants ! Ou bien à la rigueur, on accepte l’idée d’un changement. Mais prions pour que ce ne soit que dans la « juste nature » des choses. Belle astuce, si ça marche, qui nous déculpabiliserait tous ! Si ça marche ! Et que vive le status quo, le business as usual… Parfois, pourtant, certains climato-sceptiques ont moins envie de jouer. Ils semblent faire partie d’une religion assez peu tolérante. Pour eux, les autres sont forcément des ignorants, des mécréants voire des hérétiques ! Alors ne leur cassons pas les oreilles avec cette maudite chanson du réchauffement.

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Et puis il y a les autres, ceux du camp du « faut que ça change ». Ceux pour qui, de toute façon, le changement c’est déjà maintenant. Et qui préfèreraient gérer les choses en bon père de famille – plutôt que de subir sécheresses, incendies, montée des eaux, migrations sauvages et massives, etc. Un vrai catalogue de mauvaises nouvelles, un scenario insupportable ! Du côté des « convertis » à la cause climatique, il y a de vrais inquiets, avec souvent un langage citoyen, humaniste, responsable. Mais aussi, et de plus en plus, des pragmatiques de l’économie, de la finance à l’épicerie, du local au bio en passant par le circulaire et, bien sûr, le durable… ça sonne bien et ça fait « cool », non ?

Mais dans ce brouillard de mots, de labels et de normes, quel affichage retenir ? Car on tâtonne, on hésite par exemple entre « réchauffement » et « changement ». A-t-on peur d’effrayer ? Ou peur de décevoir, de ne pas en faire assez ? Et puis quoi, le climat n’est pas une notion évidente. L’homme est un piètre observateur des phénomènes de long terme. Notre mode de vie essentiellement urbain, notre myopie du long terme, ne nous facilitent pas la tâche. Il est loin de nous l’homme des champs ou des bois, le chasseur-cueilleur…

Peut-être que le plus sage serait de ne pas laisser le climat dans un ghetto pour intellectuels, ni de déléguer cette cause aux seuls scientifiques et politiciens. Le climat a son mot à dire, en association avec… l’énergie, avec nos modes de vie, avec la biodiversité, la santé. Rien que ça ! Alors il est peut-être encore temps de défier la classe politique qui s’agite, en 2017, à ce sujet. Dans un langage, autant que possible, performatif… comme dirait l’auteur de la Septième fonction du langage.

Laurent

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