Les dérapages de l’État de droit

La LdH, plus connue comme la Ligue des Droits de l’Homme, veille aux libertés de tous. Tâche immense et sans fin dans notre beau pays… La France, que l’on aime proclamer « pays des droits de l’homme ». La LdH, donc, este en justice face aux manquements de l’Etat ou aux abus de la société. Et à grand renfort de presse, elle nous informe et nous alerte de la situation des droits de l’homme, en France et dans le monde. Jusqu’ici l’État de droit était jusqu’alors sensé limité les pouvoirs, par la hiérarchie des lois et par la séparation des pouvoirs, notamment judiciaire et exécutif… En principe.

Mais la France est soumise à une série d’électrochocs émotionnels, à chaque fois que des événements terroristes nous touchent, nous ou des pays voisins. Et c’est sous la présidence de François Hollande que l’État, au nom de notre protection collective, a décidé autoritairement de renforcer le pouvoir de l’exécutif. Ce qui fit, un temps, débat.

Le fameux « état d’urgence« , opposé à l’État de droit et sensé s’exercer temporairement, s’est installé dans notre paysage. Au risque de flirter parfois avec les limites de la constitutionnalité, ce qui émeut jusqu’au New York Times. Patrice Spinosi, avocat de la LdH, dénonçait récemment au micro de Patrick Cohen le tour de « passe passe juridique » visant à transférer des pratiques de l’état d’urgence dans le droit commun. Un simple toilettage qui laisserait croire que l’état d’urgence était derrière nous… alors qu’il serait pérennisé !

Rappelons que dans un monde dominé par la peur et par le sentiment d’insécurité, toute tentative de remettre en question les règles en place – y compris les nouvelles règles, décidées à la hussarde – sont souvent vues de travers. Pourquoi ? Parce que l’état d’urgence est un appel implicite à la raison d’état, à la discipline, à une forme de soumission au pouvoir et à ses règles de sécurité. La France étant « en guerre », il n’y aurait rien de plus grave ni de plus urgent que la sécurité.

Essayez donc de pester face à un contrôle de sécurité. Daignez râler face à un énième passage au portique électronique. Lancez-vous, si le cœur vous en dit, dans une manifestation spontanée ! Quel affront ! Vous sentirez aussitôt les regards remplis d’incompréhension, voire de haine envers vous. Drôle d’époque…

LdH

La présomption d’innocence et au-delà, l’idée que la vaste majorité de nos concitoyens soit animée par de la bonne volonté et de la bienveillance, a pris un peu de plomb dans l’aile. Il est utile de rappeler, à propos d’innocence, que la LdH a été créée en 1898, « pour défendre un innocent, le capitaine Dreyfus ». Aujourd’hui, la peur de déclin, du déclassement et par ricochet, la peur des autres, plombent la confiance collective. Et c’est dans ce contexte un tantinet dégradé que le pouvoir central – notamment dans les rangs du Ministère de l’Intérieur – se sent pousser des ailes de super-héros.

Mais elle court, elle court la LdH. Elle continue de veiller à que la citoyenneté progresse, pour défendre l’État de droit et l’égalité de tous face à la justice… ce qui est encore loin d’être le cas. Car les faits sont têtus ! Y compris au lendemain d’une élection.

Laurent

 

Une réflexion sur “Les dérapages de l’État de droit

  1. Vous avez sûrement raison, mais je ne sais pas ce que l’état d’urgence autorise et qui soit liberticide, il faudrait être plus précis.

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