Alors que le monde occidental semble partout s’enfoncer dans une dérive anti-démocratique, Américains et Européens ont quelque peu oublié, dans leur grande dépression, l’importance du « modèle chinois« . Autrement dit, nous autres Occidentaux, à force de lorgner sur la Chine comme à la fois partenaire et rival économique, avons fini par occulter la composante politique, les valeurs qui sous-tendent le « régime de Pékin ». Des valeurs contagieuses ?
L’économie dominant le monde, le sujet politique – qui fâche et ne saurait entraver le doux commerce – est resté sous le tapis. Mais l’occultation de ce trouble-fête ne signifie pas sa disparition ! A en croire la scène médiatique, la Chine serait de nos jours empêtrée dans son ralentissement économique (chacun son tour !), auquel s’ajoute l’épineuse question environnementale, sanitaire et sociale. Une Chine affaiblie, donc moins menaçante pour l’Occident ? Jamais s’est-on posé la question de ce qui résulterait de la confrontation du « modèle occidental » au « modèle chinois ». Comme si l’essor du populisme en Occident et la domination chinoise n’étaient pas liées ! Comme si la décadence d’ici ne profitait pas là-bas…
Bernard Maris, économiste toulousain victime de l’attentat de Charlie Hebdo, rappelait dans « L’avenir du capitalisme », que les Chinois « avaient tout inventé » avant de devenir les champions du monde de la « copie ». D’inventeur à copiste, profitant de la consommation de masse à l’échelle planétaire et d’une incroyable « armée de réserve » issue de la Chine rurale, l’ogre asiatique allait tracer sa route tout en faisant, sans complexe aucun, un pied de nez à nos valeurs démocratiques.
Si la Chine a réussi un tour de force, c’est bien d’avoir réalisé l’alliance entre économie de marché et absence de démocratie. Si la Chine, selon toute vraisemblance, devient prochainement le leader mondial du capitalisme et le plus grand pays totalitaire…alors que restera-t-il demain de cette utopie démocratique ? La Chine autoritaire n’est-elle pas en train de déteindre sur l’Occident ? A où l’on finit de brader les valeurs humanistes, l’oligarchie aux manettes des institutions supranationales ne peut plus se cacher. Au fond, la démocratie peut-t-elle être compatible avec la mondialisation, cette autre appellation du capitalisme ?
Laurent