Les colos sont-elles has been ?

Les jolies colonies de vacances, chantées par Pierre Perret, n’ont plus la cote d’après les chiffres. Comme l’indiquait BFM en 2013, depuis 1995 leur fréquentation a chuté de 14% à 7,5%. Et pourtant, exit la « colo » depuis longtemps. Le marketing est passé par là. Tant le nombre que la diversité de séjours « spécial jeunes » ont explosé ! Séjour Yamakasi/Art du déplacement, séjour Survie, séjour Médiéval, séjour Stand-Up Paddle, etc. La segmentation voire l’hyper-segmentation de l’offre aurait de quoi séduire les plus récalcitrants… ou les plus exigeants !

Mais voilà. Tout d’abord, le prix constitue un frein important, et tout le monde n’a pas la chance d’avoir un généreux Comité d’entreprise pour subventionner un séjour à 400, 600 euros voire plus par enfant et par semaine ! Qu’il est loin le temps où nos jeunes gens quittaient le bercail pour 3 semaines d’affilée. Leurs parents en avaient-ils plus les moyens ou plus l’envie ? Les parents comme les enfants étaient-ils moins frileux qu’aujourd’hui ?

L’insouciance générale des années 1950 ou 1960, lors de l’âge d’or des colos, au cœur des Trente Glorieuses, semble avoir pris du plomb dans l’aile. Le protectionnisme parental et ce besoin irrationnel de tout contrôler semblent presque incompatibles avec l’idée même de lâcher l’affaire. Et si cette obsession sécuritaire avait été accentuée par la généralisation des smartphones chez les ados voire chez les plus jeunes ? Des outils si pratiques mais tellement éloignés de la philosophie d’un séjour sans parents (ou sans oncles, tantes ou grands-parents) derrière soi et sans écrans.

colos

Comme l’école, les colonies de vacances ont été un outil de mixité sociale, autrement dit un moyen privilégié d’apprendre la différence et le respect des autres, quelle que soit son origine. Alors certains s’emparent du sujet pour suggérer de nouvelles taxes pour financer leur redéploiement.

Merci maman, merci papa

Nous connaissons tous des familles hésitant à envoyer leurs enfants en séjour jeune. Et la question du prix n’est pas le seul frein à la décision. A l’heure de l’enfant roi, la prise en compte de l’avis (défavorable a priori) de l’enfant y est certainement pour quelque chose. Comme si les parents craignaient, au retour d’une semaine sans eux, de ne plus être aimés par leur(s) rejeton(s) ? Et pourtant, quelle plus belle leçon d’autonomie que de laisser partir, malgré ses peurs et ses craintes ? Quelle plus belle preuve de confiance aussi.

Tous les ans, je voudrais que ça r’commence

A chaque enfant son rapport à la « colo ». Certains adoreront une thématique et, pour rien au monde, ne voudront changer de formule ni de destination. D’autres, au contraire, préféreront papillonner et changeront de destination d’une année sur l’autre. Au fond, leur rapport à la « colo » préfigure peut-être leur façon de prendre ses vacances quand ils passeront à l’âge adulte.

Laurent

PS : rien que pour le plaisir des mots…

Les jolies colonies de vacances
Merci maman, merci papa
Tous les ans, je voudrais que ça r’commence
You kaïdi aïdi aïda.
J’vous écris une petite bafouille
Pour pas qu’vous fassiez d’mouron
Ici on est aux p’tits oignons
J’ai que huit ans mais je m’débrouille
J’tousse un peu à cause qu’on avale
La fumée d’l’usine d’à côté
Mais c’est en face qu’on va jouer
Dans la décharge municipale.
Pour becqu’ter on nous met à l’aise
C’est vraiment comme à la maison
Les faillots c’est du vrai béton
J’ai l’estomac comme une falaise
L’matin on va faire les poubelles
Les surveillants sont pas méchants
Ils ronflent les trois quarts du temps
Vu qui sont ronds comme des queues d’pelles.
Hier, j’ai glissé de sur une chaise
En f’sant pipi dans le lavabo
J’ai le menton en guidon d’vélo
Et trois canines au Père Lachaise
Les punitions sont plutôt dures
Le pion il a pas son pareil
Y nous attache en plein soleil
Tout nus barbouillés d’confiture.
Pour se baigner c’est l’coin tranquille
On est les seuls personne y va
On va s’tremper dans un p’tit bras
Où sortent les égouts d’la ville
Paraît qu’on a tous le typhusse
On a l’pétrus tout boutonneux
Et l’soir avant s’se mettre aux pieux
On compte à celui qu’en aura l’plus.
J’vous envoie mes chers père et mère
Mes baisers les plus distingués
J’vous quitte là j’vais voir ma fiancée
Une vieille qu’a au moins ses dix berges
Les p’tits on a vraiment pas d’chance
On nous fait jamais voyager
Mais les grandes filles vont à Tanger
Dans d’autres colonies d’vacances


Pierre Perret

 

 

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