Voilà, nous sommes à J-1. La veille du départ. Demain, enfin, on se barre ! Du calme, il s’agit d’un aller-retour, pas d’un exil ! Désolé pour ce mélange de moquerie et de provocation. A l’ère de la mondialisation post-Covid, sous la pression de toutes ces contraintes additionnelles, on en avait assez de rester au bercail. Assez de se sentir puni, éternellement incompris. Dialogue de sourd entre enracinés et éternels déracinés ? Incompréhension entre nomades d’un jour et sédentaires de toujours ?
Après s’être serré la ceinture, entre régime sec et sobriété heureuse… on a fini par craquer. Depuis que le fiston était reparti « là-bas », les appels du pied se multipliaient et l’on ne pouvait plus procrastiner.

Alors bien sûr, c’est difficile à comprendre. Faire un pas de côté, voire tourner le dos à la Mère-Patrie, c’est parfois mal vu. L’entourage ne cautionne pas toujours. La norme, ce n’est pas de s’échapper. Ou alors virtuellement. Étrange contradiction entre la mode des voyages (le flygskam n’a pas encore tout raflé) et du néo-nomadisme d’une part, et d’autre part, l’enracinement, l’identité nationale.
Il y a forcément de la nostalgie dans ce pas de côté. On a vécu des moments si intenses et si légers à la fois, libérés du carcan médiatique négatif. Alors là-bas, où la langue slave ressemble parfois à un langage informatique indéchiffrable, ce n’est pas que l’herbe soit plus verte… quoique si ! Mais surtout il y a la magie du temps qui semble suspendre son vol, ces rares amitiés étrangères qui nous rapprochent de l’essentiel, de l’humain. En principe, ça ne rate jamais ! Un joyeux bazar, coloré et enivrant, toujours réussi.
Éphémère comme la vie…
Mais il ne faut plus avoir à se justifier, encore moins à chercher à s’excuser de quoi que ce soit. Cette boulimie de rencontres, au fond, c’est la vie. Que ce soit dans une fête de village, au pays ou au-dehors. Alors voilà, loin de la routine, dans ce jardin secret atypique et bariolé, nous allons vivre à 100 à l’heure, une sorte de cousinade multiculturelle. Et ce sera beau, ce sera sincère, et gai, et encore une fois, léger…
En fait, cela fait déjà trois mois que ce bain énergisant a eu lieu. Et il en reste encore quelques souvenirs. Trois mois déjà que nous sommes rentrés, un peu fatigués mais sereins.









