Y a-t-il pire que la propagande ?

Propagande. Terme d’origine médiévale, qui signifie « ce qui doit être propagé ». Mais dans une espèce de glissement historique, la propagande serait plus le fait des autres, des vilains. D’où l’impression que cela se passe surtout, hier, dans l’Allemagne nazie ou l’Union soviétique, ou aujourd’hui, à Moscou ou à Pékin !

Le propagandiste, c’est pas nous… c’est eux !

De 1984 d’Orwell à Matrix, la propagande est partout. Elle n’a pas de frontière. Passe aisément de la fiction à la réalité. Elle semble parfois s’assoupir, sans jamais totalement disparaître. Même lors d’une phase de relative accalmie, la propagande est un mal nécessaire, un outil d’aide à la survie d’un pouvoir, d’un système économique ou politique.

En économie, la propagande change de visage et de nom. Finie la centralisation et la source unique d’un système étatique. La publicité est sa version light et populaire, d’apparence rigolote. D’ailleurs l’humour est un puissant vecteur d’incrustation du message dans nos cerveaux de consommateurs-spectateurs. La publicité, comme la propagande, n’est pas anodine.

La publicité étant très coûteuse, on ne s’étonnera pas de retrouver toujours les mêmes grandes marques ou enseignes. Cette version privée de la communication rempli le champ médiatique et envahi notre « temps de cerveau disponible », comme disait Patrick Le Lay, ancien dirigeant de TF1. La propagande pour le vivre ensemble, la tolérance, l’obéissance (aux règles sanitaires ou, plus largement, à la doctrine du moment : « nous sommes en guerre, etc. ») La publicité pour nous rappeler combien il est important de posséder le nouveau smartphone, la nouvelle voiture, ou d’aller faire ses courses dans telle enseigne « cool ». Sans oublier ces biens vitaux : parfums, produits de luxe, etc.

Mais si la propagande et son corollaire la publicité nous dictent « quoi penser » ou « quoi acheter », le pire est ailleurs ! Pire que cela, comment est-ce possible ?

Si les médias souvent nous mentent, ce n’est pas tant par le contenu de leurs analyses ou la fiabilité toute relative de leurs sources. S’ils peuvent nous mentir, c’est surtout par omission. Ou par effet de distraction.
Les anglo-saxons le nomment agenda setting. Subtile manœuvre assumée de manipulation des masses – que n’aurait pas démentie Edward Bernays, le neveu du Docteur Freud – l’agenda est hors de portée du contrôle démocratique. Ce n’est pas le peuple qui choisit et hiérarchise ce qui doit faire les grands titres de l’information. Ni sur Internet, ni à la télé, la radio, etc. Autrement dit, l’agenda diverge presque systématiquement de l’intérêt général. Quoi de plus naturel, depuis que le monde médiatique est principalement libre et privatisé ?

En somme, on s’est d’abord cru libéré, depuis la Guerre froide et le sentiment anti-soviétique, pointant du doigt les excès et le cynisme du « camp d’en face ». On s’est longtemps cru supérieur, dans le « camp du bien », alors que le laxisme économique (l’autre visage du néolibéralisme et de la dérégulation) a laissé partir à vaut-l’eau l’information. Peu à peu, on a bradé à des multinationales les médias mainstream.

Une parenthèse, l’ère de la naïveté, est peut-être en train de se refermer, suite au grand désamour du public envers les médias, l’infobésité, la méfiance et l’intérêt croissant des médias dits alternatifs.

La nature ayant de toute façon horreur du vide, l’univers de l’information, poursuit sa mue… pour le meilleur et pour le pire !

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