Fainéant. Fait néant. Il ou elle ne fait rien. Ou pas grand’chose ! Pas grand’chose aux yeux de la société, aux yeux d’autrui. La fainéant nous fascine autant qu’il nous dérange, comme du temps des Rois fainéants, à l’époque mérovingienne…
Mais cela ne nous dérange déjà moins à l’heure de la pause, à l’heure du repos « mérité ». Car là où est le mérite, on ne se gêne mais alors plus du tout ! Après l’effort, le réconfort… L’honneur est sauf, alors.
Étrange chassé croisé franco-italien, nous avons notre mot – fainéant – et nos cousins transalpins ont le leur – fare niente – miroir étymologique. Et nous avons fusionné en francisant, avec le farniente, usant de cet emprunt extérieur pour un peu dissimuler notre gêne initiale, gênés par quoi, par qui ? Peut-être qu’à l’époque où la notion de loisir et de tourisme naissant, peut-être que l’idée de partir loin pour « ne rien faire » paraissait complètement incongrue ? A moins que les puissants ne ressentent une certaine gêne à se savoir copiés, dans leur fainéantise ou leur goût du farniente, par les masses populaires ?
Et puis au début du XXème siècle largement dominé par le secteur primaire, imagine-t-on l’éleveur ou le cultivateur abandonner son dur labeur pour aller « se la couler douce » ? Idem tous ces artisans bouchers cordonniers, maçons ou boulangers. Car de la simple sieste quotidienne sous un arbre à la siesta institutionnelle, en Espagne, et au sérieux farniente façon dolce vita, il y en a eu un pas à franchir. D’ailleurs l’a-t-on totalement franchi ? L’idée de ne rien faire est-elle collectivement assumée ?
Fainéant ? Celui qui feint, qui fait semblant ? Que nenni ! ça non, le fainéant, assume de ne rien faire. Comme cette devise, sur un cadran solaire provençal, qui disait : « il toujours l’heure de ne rien faire ».
Notre fainéant qui se dit « pour vivre heureux, vivons caché », préfère se retirer du jeu, loin des Cassandre industrieux et inquiets.
Qu’il est difficile de se mettre vraiment à sa place. Pour comprendre et ressentir ce qu’il ressent lui-même. Ressentir soit le vide, l’ennui du désœuvrement, soit au contraire ressentir la joie et la paix intérieures.
Car tout un monde intérieur peut se révéler à celui qui ne fait rien, rien d’autre que de rêvasser, de méditer, de faire authentiquement le vide autour de lui, pour mieux se rapprocher de son for intérieur (fort intérieur ?)
Entre la morale d’un côté, qui taxe les paresseux voire les moque, et la sagesse personnelle intérieure, rien de très nouveau sous le soleil. Si le farniente se dit bien « fare niente » en italien, le paresseux ou fainéant se nomme « nullafacente ». Rien de très élogieux non plus chez nos voisins !










