On le sait ou on feint de ne pas le savoir. Entre quelques nouvelles sidérantes du front militaire, terroriste ou viral, elle brille et elle clignote, cette alarme permanente. Tel un feu de détresse envoyé par la Terre. Tel un gyrophare que l’on aperçoit même au travers de la brume médiatique.
Pendant tout ce temps, les publicités au sujet d’automobiles trop lourdes et trop gourmandes, tournent en boucle. Pendant tout ce temps, des gadgets numériques assez peu utiles nous sont montrés tels des objets de culte, des produits sacrés. La fabrication des uns et des autres repose, tout le monde ou presque le sait, sur des éléments rares de la croûte terrestre, et très mal répartis dans l’espace mondial. L’extractivisme est une de nos faiblesses, de nos gourmandises cachées !
Alors un jour ou l’autre, ça va coincer ! En fait, ça coince déjà pas mal. En France, le pic de consommation de lait et de viande aurait été atteint au début des années 2000. Toujours en France, le pic de la pratique du ski a été atteint à la fin du XXème siècle. Si les stations continuent de faire le plein, ce n’est que grâce aux usines d’enneigement artificiel et l’enrichissement des prestations après-ski (côté offre) et, côté demande, grâce à l’apport essentiel de clients étrangers issus de classes sociales favorisées.
Plus pour très longtemps ? Même en évacuant d’un revers de la main les questions environnementales comme le changement climatique ou la perte de biodiversité ou encore les pollutions en tout genre, en ces temps de violence et d’inflation gallopante, nous en sommes déjà là, le dos au mur.
Eh oui, le mur de la réalité n’est peut-être plus devant nous, loin devant, comme avant. Nous n’avons plus cette distance de sécurité, malgré tout un tas d’artifices (vie urbaine, routine quotidienne, mondes numériques, etc.) En fait, ce mur avance droit vers nous, telle la proue de ce supertanker, au début du film Le monde après nous. S’il s’échoue, nous aussi, nous allons échouer !
Les conditions de vie se dégradent, mais comme chacun peut le voir, pas à la même vitesse d’un pays à l’autre, d’une catégorie sociale à l’autre. Après l’étonnement, la prise de conscience et la sidération, il est difficile d’imaginer un simple status quo social et, par extension, politique. Car le sentiment d’injustice est profondément ancré en nous, à moins bien sûr de vivre en déconnexion totale, loin des autres et de la comparaison permanente.
Ce qui est peut-être le plus étonnant dans cette histoire, c’est le niveau partagé d’impréparation, du sommet de l’État à la base de la population, et ce quelque soit le pays. Même si, bien sûr, les sociétés les plus traditionnelles possèdent une forme de résilience qui a disparu du monde occidental, il y a belle lurette. Hormis ce cas particulier, nous sommes tous, de Paris à Washington, de Moscou à Pékin, atteints de syndrome du Titanic !










