Pas un perdreau de l’année, notre 1er ministre. Un air de bonhomie. Et ensuite ? Va-t-on vraiment retomber dans cette passion triste, qui nous confine à passivement regarder le train passer, telle une vache bourguignonne face au Paris-Lyon à grande vitesse ? Quelle importance donner à cet effet d’annonce faisant suite à un suspense à la Hitchcock ?
Dans un univers fait d’egos surdimensionnés et de petits calculs – festival de promesses non tenues, punchlines dénuées de sens, pièges politiques, attaques personnelles et divisions, combines en tout genre à l’abri des regards et visiteurs du soir – il y a fort à parier que lorsque tout change, finalement rien ne change !
Après une séquence estivale très olympique et des guerres au loin qui n’arrêtent pas de s’éterniser, le 1er ministre français n’aura peut-être pas plus d’impact que jadis un ménestrel, chanteur, jongleur ou acrobate divertissant la cour du Roi. Différences d’âge, de look, différences de génération et d’expérience, certes. Mais il va falloir encore prendre son mal en patience pour qui voudrait « des lendemains qui changent » !
L’aigreur des braves opposants à l’actuel gouvernement au logiciel néolibéral – ploutocrate, individualiste et poreux, corrompu jusqu’à la moelle – qui est aux manettes pourra peut-être faire du bruit. Cette aigreur, cette colère des masses – qui de tout temps a empêché les puissants de trouver le sommeil – et ce sentiment de trahison démocratique trouvera-t-elle une chambre d’écho à l’occasion de telle manifestation ou de telle grève ? Mais en pleine farce citoyenne adossée à une crise structurelle de la représentativité populaire, la tant attendue nomination du nouveau chef du gouvernement finira très vite aux oubliettes.
On oubliera vite le nom comme le visage du nouveau ménestrel, comme on a vite oublié tous ces prédécesseurs. Car il ne fait pas bon être dans l’ombre présidentielle, l’éclairage sous la V ème République est juste trop fort et aveuglant ! Et que cela nous plaise ou non, les échéances électorales de 2027 viendront vite mettre au rebut la future équipe gouvernementale et son chef, dans un grand reset confinant à l’oubli et à l’absence de sérieux bilan ni de débat à la hauteur des enjeux qui sont les nôtres.










