Le valeureux journal anglo-saxon Financial Times déclarait aujourd’hui : « When the most sought-after $1m supercars are hybrids, when hatchbacks are being made from carbon fibre and when manufacturers are promising volume vehicles that can drive themselves, it is clear the world’s car factories and showrooms are geared up for change. Driven by regulations and shifting customer demands, carmakers are pushing the boundaries of how we drive, fuel and interact with cars. »
Autrement dit, le changement ce serait maintenant aussi, dans l’automobile mondiale !
Au fond, nous sommes quand même habitués à des changements réguliers. Des changements plus ou moins profonds, mais des lancements de plus en plus rapprochés (et donc des temps de conception raccourcis). Alors que tendanciellement on a ralenti la vitesse en radarisant à tout va, l’accélération commerciale a persisté dans les showrooms et dans des campagnes de pub (pourtant aseptisées et standardisées) qui se succédèrent comme si de rien n’était !
Pendant que certaines marques se consumaient à petit feu, des success stories façon Mini by BMW ont reposé sur quelques bonnes vieilles recettes : différenciation poussée pour un meilleur positionnement, montée en gamme, et explosion du choix de modèles, variantes et options (des centaines d’options intérieures et extérieures, le client est « roi » et le marketing pousse à fond la segmentation de son offre). La voiture, non contente d’être dans le collimateur des pouvoirs publics, a été prise d’une crise de boulimie, finissant par être obèse comme parfois ses conducteurs assidus.
Les nouvelles versions se rallongeaient chaque fois de quelques centimètres et les équipements de sécurité ou de confort n’arrêtèrent pas de « charger la mule ».
Pauvre ch’tite bagnole, clou, tacot, chignole, caisse !
Avec l’électrification totale ou partielle, la cure d’amaigrissement arrive, de gré ou de force.
Mais quelles que soient les prouesses technologiques présentes ou à venir, dans le « premium » (SUV Rolls Royce hybride blabla, Ferrari 599 HyKers, Tesla…) ou dans le « populaire » (Fiat 500e, Dacia hybride…), au fond la voiture continuera longtemps de poser quelques petits problèmes à nos sociétés.
Car si la voiture symbole de liberté et de modernité fait rêver les foules, particulièrement dans les pays émergents (chez nous aussi il n’y a pas si longtemps…), on en rêve déjà moins béatement dans les pays « émergés ». Notamment dans les grands centres urbains. L’automobile libératrice encombre de fait une grande partie de nos vies : hormis la simple place de parking ou de garage, penser à la voirie dans nos villes et nos campagnes, à sa place dans nos budgets personnels, à son impact (en France, du moins) dans le déficit de la balance des paiements, à son impact sanitaire et donc son coût pour la société (même si officiellement on essayera toujours de relativiser et de trouver d’autres activités ou secteurs responsables, pour ne pas froisser).
Et finalement, la technologie et la créativité ne feront peut-être pas le poids, pour façonner l’avenir de la mobilité, face à la prééminence des habitudes et des coûteuses infrastructures de transport, dans un monde surendetté, qui se cherche et qui hésite, sans vision claire à long terme.
Laurent
Lire aussi Auto Mobilité et Le progrès en 6 étapes
Pingback: Victimes consentantes et anthropocentrisme | light up my mind