Non, ce n’est pas le nouveau hit culinaire de Noël. Mais l’histoire d’une banque, une grande banque (comme la plupart dans ce pays). Une banque vraiment pas comme les autres. Pour des raisons que la raison ignore, cette banque avait était nationalisée. Elle n’appartenait donc pas à des actionnaires « comme les autres ». En fait elle appartenait à tout le monde, à chaque contribuable, en fait elle était pour beaucoup à personne !
Cette banque était née en 1863 à Lyon, capitale de la gastronomie. Justement, à la fin des années 1980, la banque était subitement devenue extrêmement gourmande. Prise d’une crise de boulimie sous le règne du monarque Jean-Yves 1er, la banque s’était mise à avaler tout ce qu’elle trouvait d’alléchant sur son chemin : de l’immobilier, beaucoup d’immobilier. Aussi de l’industrie, vraiment beaucoup, jusqu’à un millier de participations. Quelques couleuvres aussi, au passage. Au sommet de sa gloire, elle flamba et avala les studios légendaires de la Metro Goldwyn Mayer. Le lion qui mange un autre lion, n’était-ce pas un peu contre nature ?
Alors que les privilèges du pouvoir se repassaient de génération en génération, le pantouflage fonctionnait à merveille. Jean-Yves avant d’être monarque bancaire avait soigneusement gardé le Trésor. Dès lors il allait pouvoir être juge et partie, profitant de la bienveillance de ses anciens collaborateurs hauts fonctionnaires et tous énarques. Le principe de la séparation des pouvoirs, nécessité démocratique, fut totalement bafouée alors que le Président de la République lui-même était surnommé « Dieu ».
Jean-Yves accumula et accumula encore. Il rendit bien des services à François P. ou Jean-Luc L. lorsque leurs entreprises rencontrèrent quelques difficultés. Quelle solidarité de corps. Hélas bon nombre de ses participations se transformèrent in fine en tragiques casseroles. « Ton client a un dossier pourri ? Envoie-le au CL ! » avait-on pris l’habitude de dire dans quelques beaux quartiers d’affaires parisiens.
Epilogue
Le sauvetage du CL aura coûté, devinez à qui, 15 000 000 000 € sur 20 ans.
Dont seulement 400 000 000 pour le Sieur Bernard T. Et seulement 18 mois de prison avec sursis pour le monarque destitué. Alors à qui profite le crime ? Cherchez le lampiste…
Les banques françaises sont énormes, et proportionnellement à la taille du pays, surpondérées. Normal au pays du Jacobinisme. Dans la liste noire des banques dites « systémiques » (comme feu Lehman B.) la France a le privilège d’en accueillir sur son territoire 4 sur 29, soit une part de marché de 14% ! Et comme par hasard nos chères « systémiques » sont aussi nos plus grosses.
On peut toujours espérer plus de garde-fous, de normes, de ratios prudentiels. Dans les faits, presque rien n’a changé, jusqu’à la prochaine crise. Mais comme nous le rappelle l’histoire du Lyonnais, les relations incestueuses entre la grande banque et les états garantissent l’impunité des plus grands escrocs.
Laurent
Pingback: Jacobinisme chronique. On ne change pas une équipe qui… perd ? | light up my mind