Depuis que Marx nous a persuadés que le travail nous aliénait, nous n’avons de cesse de louer les congés, le dimanche et la quiétude du foyer familial. Pour les femmes, le travail rime aussi avec éloignement des enfants et culpabilité maternelle.
Tout nous pousse à croire que nous détestons travailler et le mot RTT est devenu un mot à part entière que l’on peut conjuguer, accorder en genre et en nombre. Nous sommes devenus des RTTistes…
D’ailleurs, il paraît qu’en une carrière, nous passons 188 jours en pausé café !
Et pourtant, certains signes font état d’une réalité quelque peu différente. N’avez-vous jamais remarqué ces femmes au pied des tours de bureaux qui babillent gaiement, à l’heure de la pause ? Les mêmes qui déjeunent ensemble, d’un lunch tiré du célèbre tupperware ou dans un bistrot et se racontent leur vie, loin des contraintes familiales ?
Les collègues de travail peuvent même devenir des amies proches, dans la mesure où elles partagent le même temps de vie. Chaque matin, on se raconte les anecdotes familiales, les conflits avec la belle-mère ou les heures de colle du petit dernier.
Tirées à quatre épingles, oubliant les corvées de linge, de repassage, de courses et de devoirs, les femmes savourent les amitiés tissées dans le cadre professionnel et ne boudent pas leur plaisir de venir au bureau.
Cravatés ou vêtus d’un simple polo, les hommes parlent sport, hobbies et aussi souvent… famille, dégonflant le temps d’un café, les injonctions paradoxales de leur quotidien.
L’homme (et même la femme) est un animal social. Comment oublier que le travail est aussi un formidable vecteur de liens, le moyen de rencontrer des amis souvent ?
Certes, le débat sur la réforme des retraites nous a rappelé que la pénibilité du travail restait à définir et surtout à accompagner, par un système plus juste, qui tiendrait compte des inégalités.
Mais pour autant, à l’heure où beaucoup de nos concitoyens pointent à Pôle Emploi, force est de constater que le travail dans les entreprises de services n’est pas que générateur de stress, mais favorise aussi les rencontres et les moments récréatifs.
Il devient presque politiquement incorrect de rappeler qu’élever des enfants est parfois fatigant et qu’une journée de travail nous aide à relativiser et à vivre pour nous. (les hommes aussi bien sûr).
Participer à la gouvernance de la cité ou se sentir utile au sein d’une organisation est aussi important pour nombre d’entre nous que de construire sa famille et son couple.
35 heures par semaine qui seraient aussi pour soi ? Il est en tout cas intéressant de se reposer la question du plaisir dans le travail, car pendant que l’on entend le pire sur les conditions de travail ( et à juste titre, voir notre article sur les Services de novembre 2013 ), on oublie tous les moments agréables induits par une journée de travail.
Et si on tenait un cahier des plaisirs ? En notant chaque jour les petits bonheurs du quotidien ? Peut-être y aurait-il plus de lignes sur le travail qu’on ne le pense.
Christèle