Tel père tel fils

Vent, pluie, orages hivernaux, il fait décidément un temps à aller au cinéma.  Dans ce cas, ne ratez pas ce  très beau film japonais  de Hirokazu Koreeda : Tel père tel fils, sorti en salles depuis quelques jours.

Empreint d’une grande sensibilité, il aborde avec pudeur la question de la filiation. Est-on parent parce que l’on élève un enfant ou les liens du sang sont-ils plus fort que le quotidien ?Tel-Pere-tel-fils-filiations-japonaises_article_popin

C’est la question à laquelle sont confrontées brutalement deux familles, que le hasard n’aurait certainement pas fait se rencontrer sinon. Chacune d’elle a un enfant de 6 ans, qui se trouvent être nés le même jour. Les deux couples apprennent que l’hôpital a malencontreusement échangé leurs enfants à la naissance. La préconisation qui leur est faite, au-delà du procès entre les différentes parties, est de remettre les enfants dans leur véritable famille de sang. Pour cela, un long processus de rencontres et d’échanges réguliers des enfants leur est proposé sur une année.

Au travers des différentes saisons et avec des plans esthétiques sur la ville, les paysages, les intérieurs des deux familles, les caractères et les ambiances se dessinent. Les non-dits, les dessins des enfants ou leur robot, leur cerf-volant, en disent plus long que les mots.

Ce film aborde la question de la parentalité dans plusieurs aspects : qu’est-ce qu’un bon père ? Que doit-on transmettre à ses enfants ? Est-il possible de rompre des schémas familiaux qui se répètent ?

Le film est aussi empreint de culpabilité : ces mères n’auraient-elles pas pu s’apercevoir de la méprise ? Comment peut-on être une bonne mère si l’on n’est même pas capable de reconnaître son bébé ?

C’est à travers elles cependant, que les familles finissent par emprunter le chemin des compromis et se remettent en question dans leurs choix d’éducation. Le regard des mères est un fil conducteur dans le film. Elles pleurent, rient, deviennent complices et trouvent le chemin du cœur des enfants, qui ne se laissent pas apprivoiser facilement.

tel père tel fils

Les deux petits garçons, interprétés par de merveilleux acteurs, sont les pivots du film. Ils donnent grâce au propos, en imprimant leur rythme à l’histoire. Leur destin est entre les mains des adultes, mais ils savent éclairer leurs choix et leurs sentiments de manière expressive et délicate.

Beaucoup de plans sont filmés à hauteur d’enfant même si le réalisateur insiste souvent dans d’autres images sur la différence de taille importante entre le père et l’enfant de 6 ans. Comme si ce dernier était un petit oiseau fragile en face du père tout-puissant.

Au fond, ce qui devait être une réflexion sur les liens du sang entre parents et enfants, devient une quête sur la manière de devenir père. « Je n’ai pas été très bon, mais j’ai été ton père pendant 6 ans » dit Ryoata, qui au fil du film, comprend qu’il y a plusieurs manières de grandir et que l’ambition qui l’anime, son exigence vis à vis de la vie le fait passer à côté de certains plaisirs simples.

Le film est aussi une chronique sociale sur les modes de vie, les contraintes subies ou choisies par les différents protagonistes. La famille est opposée au travail de manière assez manichéenne, mais le propos ne tourne jamais à la caricature. Hirokazu Koreeda souligne que ce qui est important, c’est de trouver le temps de faire voler un cerf-volant avec son fils, que l’on soit riche ou pauvre.

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 Tel père tel fils a obtenu le prix du jury au Festival de Cannes.

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=220765.html

http://www.premiere.fr/film/Tel-Pere-Tel-Fils-3739036/(affichage)/press

2 réflexions sur “Tel père tel fils

  1. En France, ce sujet a été abordé de façon plaisante au premier abord, mais pose les mêmes questions:
     » La vie est un long fleuve tranquille  »
    La vie et ses parcours divers est partout la même sur cette terre, le fond de la nature humaine est identique chez tous les peuples.

    • Un autre film Bébés, retrace la première année de vie de 4 bébés de différents pays (Mongolie, Etats-Unis, Japon et un pays d’Afrique noire). C’est tout à fait incroyable de voir qu’au-delà des différences culturelles – le bébé américain est entraîné à lire ses lettres en séance collective dès 6 mois 🙂 tandis que le petit Mongol joue avec une chèvre – l’évolution des enfants est la même. Leurs réflexes sont les mêmes vis à vis des apprentissages. Cela va tout à fait dans le sens de ce que vous dites.

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