Petite expérience familiale. Nous avions confié notre chat durant les vacances de Noël. Ledit chat restait en Pologne et nous partions pour deux semaines en France. Jusque là tout allait bien. Et puis tragédie en puissance pour les enfants lorsqu’à notre retour nous découvrions, email et photos à l’appui, que le chat adoré avait disparu ! Mauvaise blague ? Incompréhension écrite dans cette langue slave si difficile et remplie de subtilités ?
Les émotions négatives s’entrechoquent : énervement, incompréhension, tristesse… On essaie de refaire le film à l’envers, on analyse, on ne comprend pas. Ni les parents ni les enfants ne comprennent ce qui s’est passé. Ni ces gens qui étaient sensés s’occuper du chat jusqu’à notre retour… et non pas le « laisser filer » !!
Ensuite on va à la rencontre de ce couple polonais qui s’était proposé de garder notre chat. Et nous ne voyons face à nous que de la tristesse, de la compassion, et une sincère volonté de coopérer. On aurait pu avoir une attitude arrogante, tenir un discours accablant (« bande d’irresponsables ! ») en plein fossé interculturel. On aurait pu tout simplement refuser de dialoguer. Rideau ! Et au passage on aurait une fois de plus nourri cette image de supériorité des occidentaux face aux européens de l’Est. Mais non, ce n’est juste pas possible de se comporter ainsi, malgré notre tristesse et notre énervement. Ce n’est pas ce qui fera revenir le chaton !
On se laisse aller à revoir ces personnes qui se sentent vraiment responsables. On accepte de prendre le thé ensemble, et de reparler de notre perte commune. On se laisse aussi porter par l’espoir qui demeure chez ces gens-là, même si au fond de nous, trop cartésiens, on se dit que c’est fichu, que le chat ne reviendra pas ! Mais face à nous il y a cette sensibilité et cette bienveillance des gens simples. Et cette croyance, cet optimiste persistant qui nous touche quand même un peu, forcément. Nous n’irons pas jusqu’à dire qu’en perdant notre chat on a gagné de nouveaux amis. Mais à l’heure du bilan, la petite leçon de cette histoire se situe au niveau de l’attitude. Car il est si facile de s’énerver, même et surtout en tant qu’adulte ! Si commun de sur-réagir (overreact comme disent les Anglais… à propos des Français). Une tout autre attitude aurait été possible, y compris de commencer à chercher à remplacer ce chat perdu par un nouveau chat. Comme on va acheter un nouveau téléphone… Solution rapide qui ne nous a pas tenté.
Lorsque le chat fut retrouvé sain et sauf, vingt jours plus tard, un seul sentiment surgit : la joie ! Et une seule attitude : la reconnaissance et la sympathie.
Laurent