Pour la première fois, un Chinois poursuit les autorités de son pays, en tant que victime de la pollution.
Science-fiction ?
Hélas non. Si la littérature d’anticipation n’a plus beaucoup d’avenir, faute de vendre du rêve, les inquiétudes ne cessent d’augmenter sur notre santé à moyen terme. En France, la vague de pollution de la mi-décembre 2013 dans les grandes villes, a provoqué des épidémies de sinusite, asthme, encombrements bronchiques. Pendant 10 jours, respirer à pleins poumons est devenu difficile pour toute une partie de la population, même ceux qui ne souffrent pas officiellement de maladies chroniques respiratoires.
Dans les romans ou les films de Science-fiction, c’est souvent la guerre qui réduit à néant l’humanité, ou les catastrophes naturelles, les robots, les pouvoirs autocratiques. Jusque dans les années 80, anticiper l’avenir procurait une forme d’excitation et de frisson, et les projections foisonnaient dans l’imaginaire collectif. On se plaisait à imaginer des voitures volante au mieux, ou des sociétés hiérarchisées par l’eugénisme, au pire.
Mais rarement, on n’imaginait que la pollution, tout simplement, pourrait devenir le mal du siècle, et anéantir des populations fragiles, plus sûrement que les conflits armés ou le terrorisme.
Le sujet a fait un temps le buzz de la campagne municipale de Paris avec des échanges un peu « verts » entre Nathalie Kosciusko-Morizet et Anne Hidalgo. Mais très vite, les contingences électorales ont pris le pas sur l’écologie et le sujet est repassé au second plan.
A Lyon, en 2012, les riverains de l’autoroute A7, à Perrache, excédés par la pollution avaient manifesté visuellement leur ras-le-bol, en placardant des banderoles sur leurs fenêtres. Mais là encore, aucune mesure significative n’est venue en réponse à ces protestations.
Et pourtant, il y a urgence dans les mégalopoles du monde. L’espérance de vie qui ne cessait d’augmenter en France depuis plusieurs décennies, amorce un creux et même une stagnation depuis peu. Serait-on en train de déchanter ?
Et si l’initiative de ce Chinois nous donnait des idées ? A quand un procès collectif civil qui bougerait enfin les consciences ? Ou a minima des manifestations anti-pollution ? Les politiques ne s’emparent que des sujets brûlants. A nous de leur tendre les thèmes qui nous préoccupent vraiment.
Christèle
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Un Chinois poursuit les autorités à cause du smog
PEKIN (Reuters) – Pour la première fois, un Chinois poursuit en justice les autorités pour ne pas avoir pris de mesures adéquates de lutte contre la pollution atmosphérique, rapporte mardi le journal chinois Yanzhao Metropolis.
Le plaignant vit à Shijiazhuang, capitale de la province du Hebei, une ville souvent sujette au smog. Il réclame aux services municipaux de protection de l’environnement des dommages et intérêts pour la pollution qui a envahi sa ville, comme une bonne partie du nord de la Chine, cet hiver.
« Je propose des indemnités administratives afin de permettre à chaque citoyen de voir que dans ce brouillard, nous sommes les vraies victimes », explique Li Guixin au journal.
Son avocat, Wu Yufen, n’a pas souhaité faire de commentaire en raison de la « sensibilité » du dossier. Li a déposé plainte auprès d’un tribunal de district, qui n’a pu être joint. On ignore également si son recours sera accepté.
Li Guixin dit avoir dépensé de l’argent pour se procurer des masques à gaz, un purificateur d’air et un tapis de course pour faire des exercices physiques à son domicile quand la pollution a atteint des niveaux particulièrement élevés en décembre.
« En plus de menacer notre santé, la pollution nous a infligé des pertes économiques qui devraient être compensées par le gouvernement et les agences environnementales car le gouvernement touche les taxes professionnelles, il en bénéficie », fait valoir le plaignant.
La pollution de l’air a atteint des proportions alarmantes ces derniers jours encore dans le nord de la Chine.
Pékin est plongée depuis plus d’une semaine dans un épais smog et près de 150 entreprises ont interrompu leur production à partir de mardi, rapporte l’agence Chine nouvelle.
La province industrielle du Hebei, qui entoure la capitale, connaît parmi les taux les plus élevés de pollution de la Chine.
Les autorités ont multiplié ces dernières années les mesures censées réduire la pollution de l’air, en renforçant notamment l’arsenal judiciaire en la matière.
Mais ces règles sont appliquées avec plus ou moins de zèle par les autorités locales, dont les finances sont alimentées en partie par les taxes payées par les industries polluantes.
(Sui-Lee Wee; Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)
QUELLE MOUCHE a piqué ce gentil chinois ? Non mais, vous avez vu ça ? Comment, en République de Chine Populaire, sensée représenter ce qui reste d’esprit collectif, comment ose-t-il ce citoyen , cet individu, se transformer, « à l’américaine », en va-t-en guerre juridique contre… son propre Etat ? A-t-on vérifié que ce n’est pas un yankee (carnaval oblige) déguisé en chinois ? Encore une affaire d’espionnage ?? On avait pris l’habitude, disons qu’on savait que rien n’arrête nos voisins transatlantiques quand il s’agit de faire péter le jackpot par avocats interposés. Comme si les dommages-intérêts pouvaient faire le bonheur, mais bon ! Ah non, mais là…venant de Chine ! Enfin, quand même, vous ne trouvez pas que « tout fout le camp » en ce moment ?
Où est passée la légendaire obéissance chinoise, le respect de la hiérarchie, des anciens, de l’autorité de l’état ? Si même le PCC ne peut plus continuer à faire travailler les enfants, à exploiter les mineurs de charbon (cf. le comparatif morbide de J.M. Jancovici, charbon vs pétrole vs uranium) et enfumer la population entassée dans ses mégalopoles comme bon lui semble !
Réaction occidentale bon père de famille : encore une catastrophe économique en puissance ! Où va-t-on mettre les usines de toutes nos marques fétiches, et leurs centrales à charbon, alors ? En Corée du Nord, en Mongolie ? En Russie ? Misère, misère…
Hop hop hop, revenons à notre quasi-héros du jour.
Je vois déjà les sceptiques que l’utopie agace nous refaire le coup du « ça ne marchera pas… tu vas voir,
il va le perdre son procès ». A moins que ce ne soit qu’une répétition générale avant la dernière tentative de coup d’état du libéralisme hard rock, j’ai nommé le « partenariat transpacifique ». Car il faut s’attendre à du gros jeu, le choc des cultures et des civilisations aidant ! Une finale du GMTP* ça se prépare comme dirait Yannick ou Mats. Il faut que chaque camp aiguise ses arguments et peaufine son plaidoyer. N’en déplaise à nos chères élites de tout bord, à l’heure d’Internet, de la désobéissance civique et de ladite intelligence collective, si l’esprit critique (à ne pas confondre avec son homologue beaucoup moins utile : l’esprit « de critique ») finit par l’emporter, si chacun apprend de ses erreurs et, plus utopique encore, on accepte d’écouter les erreurs des autres (les « pays du Nord » ?) alors là, tapis rouge (rien à voir avec le rouge du drapeau pékinois) vers un monde meilleur. Champagne !
En attendant, combien de guerres économiques, de sang, de larmes et de procès d’ici là ?
Laurent
* Grand Marché Trans-Pacifique, ou la revanche du vengeur masqué de l’OMC (quand ça n’avance pas en mode multilatéral, osons le tout pour le tout bilatéral, comme dirait avec ferveur feu Adam Smith, doyen de l’économie moderne).
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Les Chinois ont appris à l’école, pendant des années, que leur pays avait tiré des leçons de la pollution, compagne de la croissance à l’occidentale. Leur pays allait montrer la voie au reste du monde en optant pour une « croissance propre ». Excès d’ambition ou simple propagande de plus ?? Les autorités chinoises de Pékin prévoiraient de partir « au vert » à l’extérieur de la capitale… Et tant pis pour ceux qui resteront sous le smog, sans oublier la pollution de l’eau, un âtre fléau encore plus difficile à éradiquer…