La laïcité est d’abord notre liberté

laïcité2Tout le monde a appris à l’école la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat en France en 1905. Mais le mot laïcité a-t-il encore toute la force qu’il devrait avoir dans notre société ? La définition reste cependant extrêmement simple : la laïcité s’oppose à la reconnaissance d’une religion d’État. Elle connaît les religions mais n’en reconnaît aucune.

Jusque là, rien de bien compliqué. Les choses se gâtent lorsque le mot communautarisme est employé à toutes les sauces et que le mot laïcité finit par renvoyer à une sorte de morale poussiéreuse, rappelant le père de Marcel Pagnol et les hussards noirs de la République, militants de la première heure, mais remisés définitivement au XIXème siècle par les esprits soit-disant modernes. Alors qu’est-ce que la laïcité ?

La laïcité en France est un principe qui distingue le pouvoir politique des organisations religieuses – l’État devant rester neutre – et garantit la liberté de culte (les manifestations religieuses devant respecter l’ordre public) ; il affirme parallèlement la liberté de conscience et ne place aucune opinion au-dessus des autres (religionathéismeagnosticisme ou libre-pensée), construisant ainsi l’égalité républicaine. Wikipédia

Pourtant, rien de plus moderne aujourd’hui que la laïcité, dans notre société divisée de plus en plus par l’ostentation religieuse. Le culte est, et doit rester une affaire privée. Tout individu doit pouvoir pratiquer sa religion, mais sans en faire de prosélytisme, afin de respecter la neutralité de la société. Les édifices républicains ne doivent pas accueillir de manifestations religieuses et aucun élément de la tenue des citoyens n’est censé symboliser leur foi, les singularisant ainsi aux yeux des autres.

Pour Djemila Benhahbib, « La laïcité, c’est l’indifférence ». Non pas l’indifférence au sens de négliger, ou manquer de respect. Mais l’indifférence dans ce qu’elle a de plus riche à offrir : la tolérance. Ne pas prendre en compte la religion d’un individu dans tous les actes de sa vie civile, citoyenne, personnelle ou professionnelle. Considérer l’individu en tant que libre penseur et ne pas l’enfermer dans un système codifié par des autorités religieuses.

En France, la principale stigmatisation religieuse a démarré avec le port du voile dans l’espace public et notamment à l’école, suscitant les remous que l’on connaît. Vingt ans après, force est de constater que le port du voile voire du Niqab s’est répandu dans notre société, dérobant à la vue de tous le visage des femmes, et même parfois leurs mains, leurs chevilles. Mais qu’est donc devenue la laïcité à la Française, si chèrement défendue par nos grands-parents, nos arrières-grands-parents, et les révolutionnaires de 1789 ?

Dans son intervention du 28 février 2014 à Vienne, sur la laïcité, Michèle Vianès déclarait :

La laïcité est le moyen de faire coexister des femmes et des hommes qui ne partagent pas forcément les mêmes convictions, mais émancipés par une éducation à l’autonomie rationnelle de jugement. Le lien civique a la prééminence sur tous les particularismes historiques ou religieux, sur les solidarités domestiques locales ou claniques. L’exigence laïque demande à chacun un effort sur soi.

Mais les autres religions ne sont pas en reste, pour tenter d’imposer des règles codifiées aux croyants, afin d’organiser leur vie privée et publique. Les derniers débats houleux sur la société ont mis en avant des citoyens, bien éloignés également de la loi de 1905 et dont la motivation à « vivre ensemble » paraît affaiblie par les prises de position radicales. Pourtant sur son site internet, l’Eglise Catholique reconnaît s’inscrire sans problème dans le cadre laïc. De même, l’Islam et la laïcité ne sont pas en opposition sur de nombreux sites, qui défendent la loi de 1905 et replacent le débat sur le vivre ensemble. Citons Hassen Chalghoumi, imam de la mosquée de Drancy, auteur de Pour l’Islam de France, dans lequel il prône un islam modéré, qui se vit en harmonie avec la République et non contre elle.

Mais alors, le problème ne viendrait-il pas de ceux qui s’emparent de la religion, pour prendre le pouvoir ?

La radicalité religieuse n’est jamais la solution pour faire progresser une société. Rappelons-nous de la Saint-Barthélémy, de l’Inquisition ou plus proche de nous, de cette coutume barbare de la religion hindoue qui consiste à brûler vive la veuve d’un défunt. Toutes les deux heures, une femme meurt brûlée vive en Inde, dans l’indifférence générale. Indifférence ? Mais en tout cas certainement pas celle que contient la laïcité.

La croyance est un acte personnel, qui ne doit pas interférer dans la société. Croire doit rester notre liberté.

Pour cela, il est nécessaire de défendre de toutes ses forces la laïcité, qui reste le seul rempart des croyants comme des athées, contre l’intolérance et la confiscation du pouvoir par des esprits mal-intentionnés.

La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une.

Propos introductifs à l’audition du CLR devant la “Commission Stasi” (novembre 2003) Comité Laïcité République

Christèle

Pour aller plus loin :

Comité Laïcité République : http://www.laicite-republique.org/#&panel1-8 

Comité 1905 de l’Ain : http://01-comite1905.org/

Observatoire de la Laïcité : http://www.gouvernement.fr/gouvernement/observatoire-de-la-laicite

Condorcet et la laïcité : http://action-republicaine.over-blog.com/article-14469260.html

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