Demandez à votre moteur de recherche favori de vous trouver des « lanceurs d’alerte », il y a de fortes chances qu’on vous parle d’abord de Transparency International et de questions juridiques. Affaires anodines, car juges et citoyens (qu’ils sont sensés protéger) sont lassés par l’acharnement médiatique autour des « affaires » qui polluent la vie politique comme les particules d’air les grandes villes. Et pourtant, les lanceurs d’alertes de tous bords sont autant de vigies de notre société qui parfois part à la dérive. Un peu comme les éclaireurs des tribus indiennes. Alors, quoi de neuf ? Du neuf avec du vieux. De plus en plus fort !
N’ayez pas peur, tout va bien se passer, le sujet arrive ! La question est la suivante : qui a déjà entendu parler de TAFTA, ou GMT ? Allez, je vous aide : le partenariat commercial et financier transatlantique ? Qu’en avez-vous compris ? Qu’est-ce que ça peut vous faire ? Car c’est bien là, à quelques semaines du vote européeen, une question qui se pose sans qu’elle ne soit clairement posée ni par les médias « grand public » ni par les parlementaires, en France ou ailleurs ! Surprenant, non ?
Nous avons peut-être retenu l’histoire des « biens culturels », de l’exception française obtenue à l’arrachée (au risque de se fâcher avec le très (trop ?) libéral Commissaire Européen au Commerce, Karel de Gucht) par notre Ministre du Commerce Extérieur.
Et c’est tout ? Ce serait quand même un peu décevant, non ? Nous aimons tous les scoops, les nouveautés. Regarder dans le rétroviseur n’est pas très à la mode quand même. Officiellement, du moins.
Alors nous y sommes : certains nous présentent le TAFTA (moins soyeux que le taffetas) sans excès d’enthousiasme : « oui il y a un nouveau projet de rapprochement, et alors ? » D’autres nous emmènent sans vergogne au coeur même du projet. Quelle curiosité alors même que le silence radio règne sur (presque) toutes les ondes démocratiques. Ces esprits critiques suivent le principe que « le diable est dans les détails ». Mais alors, que dénoncent-ils ?
1) sur le fond : cet accord prévoit un dispositif financier innovant, puisqu’il permettrait à tout investisseur, dans un soucis de « protection des investissements », de pouvoir traîner en justice tout Etat contrevenant au dogme du libre-échange. Que tel pays (l’un des 50 états américains ou 28 états européens) souhaite protéger spécifiquement la santé de ses concitoyens, leurs conditions de travail ou encore un espace naturel, et vlan : direction un tribunal arbitral. L’arbitrage est à la mode dans le business, puisqu’il permet d’aller vite dans le réglement des litiges. Time is money, of course ! Autrement dit, lisez bien : les pouvoirs publics, sensés représenter l’intérêt général au niveau d’un pays signataire de l’accord TAFTA (que les américains, plus ambitieux, souhaitent ériger au rang de « partenariat ») pourraient se voir infliger de lourdes amendes (encore nos impôts, oh non !) pour non-respect de la libre concurrence, et plus précisément pour entrave et mise en péril de l’investisseur étranger. On notera bien que ce projet TAFTA en l’état (avant négociation) va beaucoup plus loin que le libre-échange version XXème siècle, GATT et OMC inclus. Il faut porter un coup fatal à ces caprices d’états-enfants gâtés, vous comprenez ! Laissez-nous leur faire la peau, pensent certains oligarques qui par réflexe tout-puissant se positionnent presque systématiquement au-dessus des lois. Parlez-en au psychiatre du coin, il vous dira qu’il faudrait, pour bien faire, interner ces quelques grands esprits devenus fous qui veulent ou voudraient nous gouverner. Leur soif de pouvoir est maladive, ils sont malades, point ! Oui mais non, car nous sommes dans les bureaux feutrés aux rideaux de taffetas de Bruxelles et de Washington, respect ! L’affaire est trop sérieuse pour qu’on laisse la populasse mettre son nez dans « nos affaires »… Vous imaginez le bazar, on va pas refaire 1789.
2) sur la forme : la transparence est à un niveau zéro. Comme on disait à l’école : motus-et-bouche-cousue ! Les parlementaires français, d’après plusieurs sources concordantes, auraient donné leur feu vert sans véritable étude du dossier et sans authentique débat (comme ceux qu’on peut voir à la télévision) à l’Europe. C’est qu’on n’aime pas trop jouer avec le feu par les temps qui courent. La pression des grandes entreprises de part et d’autre de l’atlantique est énorme. Ils ont gagné une manche ! La balle est dans le camp bruxellois, tandis que Washington affute ses crayons.
Pourquoi un tel projet, côté US ? Pour trouver un moyen de pression (toujours le bon vieux rapport de force, si cher aux physiciens) face à la menace concurrentielle des émergents, Chine en tête ! Cela dépasse donc le seul cadre purement commercial. Mais le commerce, depuis toujours, c’est la vie : nos emplois, notre « way of life », nos ressources vitales, notre indépendance…
Et du côté européen : voici une nouvelle panacée, remède magique : la relance économique low cost, nous dit-on ! Attention, nous ne sommes plus en présence d’un simple discours de boutiquiers, mais bien d’un illusionnisme politique dont certains sujets raffolent.
Les lanceurs d’alarme ne sont pas forcément opposés au commerce et à la mondialisation. Ce qu’ils tentent d’exprimer c’est un sentiment de « trop c’est trop » et un appel à la vigilance démocratique. Avant d’agir (car l’état français ou européen, c’est nous aussi), les plus sceptiques pourront librement étudier les conséquences des rapports de force USA/Canada et USA/Mexique dans le cadre de l’accord ALENA. Les lois de la physique sont implacables. Mais que cela ne nous empêche pas de négocier avec nos cousins transatlantiques, tout en leur rappelant nos valeurs et nos conditions. Après tout, le protectionnisme n’est pas plus une maladie mortelle que le libre-échange ! Les américains en savent quelque chose, au vu de la montagne de litiges commerciaux qui les oppose au reste du monde. Cheers ! La preuve enfin, s’il en fallait, que la culture ne s’exporte pas telle qu’elle en faisant du « copier-coller » et que l’Europe n’est pas et ne sera jamais les Etats Unis d’Amérique 😉
Laurent
On trouve parfois de drôles de lanceurs d’alertes, des repentis issus du sérail, antidotes personnifiés des excès du « système ». Anciens banquiers d’affaires, anciens cadres de multinationales, mafieux repentis… Ces oiseaux-là sont rares car la loi du silence est pesante, quelque soit le milieu dans lequel ils avaient prospéré. Mais une fois franchi le rubicon, quelle aide précieuse pour la Société !
bonjour, je vous remercie pour votre article mais je suis un peu inclute et votre article n’est pas a mon niveau de compréhension si vous avez le texte qui va être voté par qui et quand ça serai super car c’est de mon niveaux . merci d’avance
Bonjour,
Je n’ai pas le texte qui va être voté, il a été volontairement tenu ultra-secret, l’intérêt de ses promoteurs étant justement de « passer sous silence » et de se mettre d’accord le plus « incognito »
possible avec nos cousins Américains. Mais les principes sont connus et ont été révélés par des experts de la question, comme Raoul Marc Jennar (jennar.fr)
Bonne journée.