La violence n’est jamais une solution, mais on ne peut que constater la détresse des légumiers, ainsi que des cultivateurs, agriculteurs, éleveurs… Alors que nous devrions tout faire pour permettre une agriculture respectueuse des sols et des rivières, on accable d’impôts et de démarches administratives, une profession qui n’a déjà ni vacances ni bénéfice, compte tenu de la pression toujours plus forte sur les prix à la consommation.
Pour preuve la révolte des légumiers de Morlaix (photo ci-dessous).

Des légumiers en colère ont mis le feu au Centre des impôts et à la Mutualité sociale agricole de Morlaix. – AFP PHOTO FRED TANNEAU
C’est une jacquerie, une révolte qui part de la base, complètement déstructurée, hors des relations syndicales. Les syndicats sont dépassés par la base » (Réaction de la mairesse de Morlaix)
La violence, ou l’ultime alternative de professionnels qui n’ont plus rien à perdre, avant de devoir mettre la clé sous la porte.
Mais s’ils disparaissent, quid de notre approvisionnement en France ? A quel prix, à quelles conditions et pour quelle qualité ?
Et on nous parle de bilan carbone ? Alors que des éleveurs ou légumiers, à la porte de nos villes, n’arrivent pas à vivre du fruit de leur travail, pourtant ô combien difficile ?
Celui qui n’a jamais visité une laiterie, que ce soit avec des vaches ou des chèvres, ne réalise pas toujours que l’éleveur ne peut JAMAIS prendre de vacances. Ou deux jours, à la sauvette, en n’étant pas sûr que celui ou celle qui le remplacera sera accepté par les animaux, que le lait sera récolté en quantité suffisante et qu’aucune pathologie n’aura échappé au remplaçant. Pathologie qui si elle conduit au décès de l’animal, engendre un manque à gagner important.
Il est vrai que ce n’est plus très tendance de devenir « Producteur de fromages de chèvre ». Et pourtant, dans nos apéritifs, quel plaisir de se couper un morceau de crottin de Chavignol avec un bon Côtes du Rhône…
Quant aux légumes, n’importe quelle personne ayant déjà réalisé un jardin potager, connaît l’inéluctable problème de la sur-production saisonnière : lorsque les courgettes sont mûres, il faudrait en manger des kilos, voire en donner à tous ses amis… mais deux mois après, plus question d’en faire pousser de nouveau et on passe au potimarron, qui connaîtra le même destin. On comprend mieux les problèmes d’écoulement des produits, de fluidité de le filière et bien évidemment du coût des marchandises perdues.
Quelques données pour se remémorer le contexte :
Les produits bruts ou aliments coûtent cher à produire. Dans les années 70, le poids de l’alimentation était à 21% dans le budget des ménages, tandis qu’il est à peine à 14 % aujourd’hui. Baisse des prix, arbitrages avec les loisirs, agriculture intensive détruisant les sols pour produire plus et à meilleur prix, les causes conduisant aux conséquences et vice-versa, on en est arrivés à une société qui ne veut plus mettre de l’argent dans la nourriture. Ou à l’inverse une frange de bobos-bios (dont nous faisons partie faute d’alternative) qui achètent au prix fort des produits bios, pas toujours produits localement, ce qui annule la bonne intention de départ.
Manger doit coûter un peu… dans le budget, sous peine de se trouver bientôt dans une mauvais remake de l’Aile ou la cuisse. (vous vous souvenez ? Allez regardez quand même la vidéo pour sourire un peu)
Nous reviendrons plus longuement dans un prochain article sur les problèmes intrinsèques de l’agriculture Française, mais face à une révolte dont on ne peut que condamner les excès et la violence, il est plus que nécessaire de se rappeler la détresse de ceux qui se sont exprimés avec cette « colère froide » évoquée dans l’article.
Les agriculteurs ont besoin de nous, de notre soutien.
Christèle
Pour aller plus loin :
L’évolution de l’alimentation en France http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/doctravail50112.pdf
et la pression de la grande distribution qui achète toujours plus bas aux producteurs ,ce lobby qui pèse toujours de plus en plus auprès des gouvernements pour monopoliser la distribution de produits .Qu’il en soit de l’agriculture ou de la peche ,il n’y aura bientôt plus d’autre alternative que la grande surface.Quand les producteurs auront disparus ,il ne restera plus de Moncento et autres .Il ne faut pas oublier ,non plus le role de Bruxelles ,avec des décisions prises par des technocrates qui ignorent tout de la production et qui décident pour nous.Que peut-on contre ces gens ?Ce ne sont surement pas les bobos qui vont résoudre le problème ,avec leur pseudo-éthique à géométrie variable qui va dans tous les sens.Ces donneurs de leçon obsédés par des appellations.Mais résultat final ,ils consomment à quelque chose près la meme chose que les autres.
En plus extrême, il y a cultiver soi-même dans un jardin collectif, une AMAP ou mieux mettre ses enfants à l’école au Hameau du Buis. http://www.la-ferme-des-enfants.com/ L’école de la vie à la ferme
Replacer au coeur d’un lieu vivant les apprentissages théoriques et pratiques afin d’offrir aux enfants un épanouissement dans toutes leurs dimensions.
Mais j’avoue que ce n’est pas forcément possible pour tous !
Il devrait y avoir à l’école des cours d’agriculture, ne serait-ce que pour sensibiliser tout le monde à la question.
Il y a ceux, nantis, intellos ou rêveurs, qui peuvent encore utiliser leur plume ou leur voix pour exprimer leur désaccord. Et donner l’espoir d’une « sortie de crise » par le haut, faisant écho de quelques innovateurs.
Et puis il y a tous les autres, les besogneux, souvent taiseux, qui ne pouvant verbaliser leur colère finissent par craquer. Une violence contre les autres et aussi, hélas, contre eux-mêmes !
La télévision française a choisi de nous distraire avec La Grande Vadrouille, qui passe en boucle. Réhabilitons l’Aile ou la Cuisse suivi d’un débat avec de « vrais gens ». Ce film vaut mieux que bien des discours. Mieux qu’un roman d’anticipation…
Je me permets de publier un commentaire reçu par un autre canal. La question était : que peut-on faire pour aider les agriculteurs ?
de France of Gastronomy
e-commerce de vins, produits de terroir… chez France of Gastronomy
Je dirais qu’il y a 2 choses à faire:
. côté producteurs, rester pédagogues, volontaires, francs et montrer pourquoi il est important de consommer français. D’un point de vue du potentiel économique de nos producteurs mais aussi de la santé publique. Vous pouvez facilement, ici même, voir comment les choses sont produites. Et nous parlons bien de quelque chose que nous allons ingérer. Ce n’est pas un tableau, c’est un aliment et faire jouer la carte des (petits) producteurs, c’est aussi s’assurer de consommer un produit conçu dans une logique pérenne et salutaire.
. Et de votre côté, ne pas sous-estimer votre pouvoir. Vous avez les clés de faire pencher la balance en notre faveur. Tout simplement parce que les industriels, distributeurs, suivent toujours les tendances, là où il y a de l’argent à se faire. Si prendre en compte les considérations des agriculteurs par une mobilisation citoyenne devient un élément fort de notre société, le vent tournera alors. Vous n’êtes pas si petits individus que ça car vous = 1+1+1+1+1+… = des milliers de personnes regardant dans le même sens. Il faut juste que quelqu’un se lève pour se rendre compte que beaucoup d’autres suivront. Nous sommes en fait des milliers. Parlez en autour de vous. Comme beaucoup de choses dans notre société, nous sommes en vérité nombreux à pouvoir changer les choses. Il faut juste le déclic!