Les négociations sur le climat, sur la croissance verte et, finalement, sur la coopération internationale ont montré quelques signes d’espoir du côté de Lima, au Pérou. Les observateurs de ces grand-messes internationales avaient presque fini par s’habituer à des « montagnes accouchant d’une souris » ! Pouvait-on encore y croire, après Rio, Kyoto ou Copenhague ?
Plus que jamais, à mesure du double consensus scientifique sur d’une part le réchauffement climatique, sur son intensité (les hypothèses basses étant régulièrement revues à la hausse) et sur son origine humaine (dont la probabilité s’accroît de rapport en rapport du GIEC), les états dits « développés », donc les plus riches en PIB par habitant, accompagnent leur responsabilité par des promesses d’actions. Autrement dit, après leur mea culpa, leur péché originel – datant, en gros, de la première révolution industrielle, soit à l’époque Victorienne – pourrait être pardonné par la communauté planétaire à condition qu’ils changent de régime énergétique. Attention à la procrastination et aux belles paroles. Indigestes conditions pour certains, dont la goulue Amérique du Nord, premier pollueur mondial, qui avait tout bonnement refusé de s’engager à Kyoto en 1997 ! Mais la sagesse ne recommandait-elle pas de montrer l’exemple ?
Semble-t-il, quatorze ans après, les temps ont quelque peu changé. Ainsi, avec de nouveaux hauts-dirigeants, à Washington et à Pékin, Lima version 2014 aura été marqué par l’engagement « historique » des États-Unis et de la Chine. Les habitants de ces deux méga-puissances apprécieront peut-être. Les autres pays également !
Seulement, au-delà de la promesse de changement, sur la voie d’une quelconque rédemption, une minorité silencieuse de petits pays attendaient désespérément leur heure pour faire entendre leur voix. Parfois de micro-états comme les Maldives ou des centaines d’illustres inconnues du Pacifique et d’ailleurs. Le rapport de force vis-à-vis des géant économiques et médiatiques joue terriblement en leur défaveur. Mais, c’est promis, officiellement la demande de la prise en compte de leurs dommages et intérêts liés au réchauffement climatique a été retenue à Lima. Cependant l’observateur lambda peut douter d’une quelconque résolution des « problèmes existentiels » de territoires insulaires menacés de disparition pure et simple. Il faudrait demander aux Italiens, du côté de la cité des Doges, leur avis sur cette question !
A l’heure où les vacances de Noël approchent et que les plus veinards hésitent encore entre une semaine à la montagne ou dans les îles, la conférence de Lima sur la climat aura eu l’effet désagréable et un peu rabat-joie de nous rappeler qu’au delà de la survie économiques des autochtones de nombreuses contrées, c’est également la survie de site prisés par les touristes du monde entier, certains inscrits au patrimoine de l’UNESCO, qui est concernée par l’élévation des températures, le radoucissement des hivers et l’élévation du niveau des mers et des océans. Au final, seules les stations balnéaires et les stations de sports d’hiver les plus riches, les mieux situées et équipées en conséquence, pourront continuer de distraire l’élite économique du monde, façon « business as usual ».
Du côté de Zermatt (enneigement naturel)
Le commun des mortels se méfie souvent des grandes déclarations, notamment lorsqu’elles sont issues de longs protocoles diplomatiques au contenu trop technique. Une méfiance qui remonte à très loin dans notre passé, du temps du Tiers-Etat et de la Noblesse, où la misère du bas-peuple pouvait être considéré avec grand dédain. En 2014 l’on peut encore se demander sur quelle planète vivent les soi-disant « dirigeants du monde » lorsqu’ils se mettent d’accord pour des décisions qui ne les engagent qu’à compter de 2020. Est-ce le temps que tous leurs mandats soient révolus, histoire de retomber dans l’oubli du grand public ? A moins qu’il ne s’agisse d’un aveu de faiblesse ou de l’application d’un accord spécial avec des intérêts particuliers pour – c’est de bonne guerre – jouer la montre ?
Quoi qu’il arrive, rendez-vous est pris à Paris, fin 2015. Ce ne sera plus le Pérou. Au-delà du symbole et de la proximité culturelle avec les principaux pays responsables, pionniers de la révolution industrielle, le Sommet de Paris sera l’occasion d’en remettre une couche sur un sujet qui concerne l’ensemble de la planète, les territoires, les villes, les entreprises, les individus. Déjà 2014, d’après certaines statistiques, aura été marqué par un record mondial en termes de températures. Nul besoin de squatter une station de Météo France pour constater la douceur très marquée du printemps et de l’automne, devenu « estival ». Sans oublier les inondés du Sud de la France ou d’ailleurs. Mais au niveau local comme au niveau global, il ne faudrait pas que la météo devienne un sujet qui fâche et qui divise, comme jadis la place de la Terre dans l’univers, la religion ou la politique. Dommage de se fâcher quand approchent les fêtes de fin d’année !
Laurent