L’histoire de l’humanité est remplie de contradictions et chaque époque amène ses nouvelles vérités. Nous faisions précédemment le constat que le progrès n’est pas que source d’épanouissement, s’il n’est pas encadré et structuré pour amener de réelles améliorations.
Force est de constater qu’on est un peu en train de revenir aux fondamentaux comme le souligne Laurent dans le Progrès en 6 étapes.
Et que si certains ancêtres revenaient parmi nous, ils ne seraient pas peu étonnés du retournement de situation…
–Avant, on mangeait peu. La viande coûtait cher et les supermarchés n’existaient pas pour nous proposer des tomates en janvier, des fraises en novembre, et des poireaux en juin. On mangeait une soupe au dîner, un quignon de pain et du fromage, quand il y en avait. (et oui, avant on avait du fromage à la belle saison seulement !)
–Ensuite, on s’est mis à manger trop gras, trop sucré et en trop grande quantité. On mourait même d’apoplexie dans les romans de la fin du XIXème siècle après un repas trop abondant.
=> Maintenant, on mange peu, on mincit, on fait régime, on mange peu calorique et sur-vitaminé. On fait même l’éloge de la frugalité parce que c’est bon pour la santé !
–Avant, on marchait pour se déplacer, pas le choix, puisqu’on n’avait pas d’autre moyens de locomotion. Pour les plus riches, on voyageait à cheval ou en diligence.
–Ensuite, on s’est confortablement assis dans des véhicules rapides, chargés de nous propulser, qui au village d’à côté, qui à l’autre bout du monde dans des charters.
=> Maintenant, on fait du cheval dans des clubs équestres hors de prix et on court le dimanche matin, parce que c’est bon pour la santé !
–Avant, on fabriquait à la main tout ce dont on avait besoin, vêtements, pulls tricotés, travail du cuir, du bois et du fer. Un artisanat de grande qualité s’était développé avec de multiples savoirs-faire et des compagnons, qui faisaient le tour de notre beau pays, pour apprendre tous les secrets du métier d’art dont ils rêvaient de devenir les ambassadeurs.
–Ensuite, on a voulu avoir tous les mêmes objets, les mêmes meubles en formica, les mêmes assiettes et les mêmes vêtements. On a peu à peu perdu tout le savoir-faire ancestral et bazardé toutes les vieilleries.
=> Maintenant, on veut du customisé, du design, de l’exemplaire unique, du tricoté main (avec un kit tricot vendu à prix d’or) et on court les brocantes vintage pour rechercher 10 fois plus chers, les objets d’avant, dont on n’avait pas réussi à se débarrasser, parce que c’est plus chic, plus décalé, bref plus nous !
–Avant, on se soignait à l’aide des plantes. L’herboriste du village ou les anciens, ramassaient les herbes médicinales qui avaient fait leurs preuves et pour les maladies plus graves, on prenait un ticket gagnant pour le paradis plus souvent qu’à son tour. On prenait de la quinine ou de l’huile de foie de morue pour se fortifier. On se badigeonnait la gorge au bleu de méthylène. (voir les bons trucs de Thérèse et Fernand dans l’interview qui leur était consacrée)
–Ensuite, on a fait plein de découvertes, pénicilline, antibiotiques, vaccins et on s’est mis à bombarder nos enfants de médicaments et de vitamines. On a atomisé un certain nombre de maux, de bobos, sans pour autant tout régler… (cancers, Ebola, grippe aviaire…) et en créant d’autres allergies, intolérances etc…
=> Maintenant, on veut se soigner avec des médecines naturelles, des plantes, dont on essaie de redécouvrir les vertus et on dit « les antibiotiques, c’est pas automatique ». On rejette les vaccins et l’allopathie en général. On redécouvre la médecine chinoise millénaire non remboursée par la Sécu, les massages et les grogs de grand-maman. Bref, on veut du naturel, parce que c’est bon pour nous !
–Avant, on cuisinait à chaque repas. On était créatifs avec le peu que la Nature nous offrait, racines, légumes, etc… On transmettait dans chaque région, via les femmes, des recettes qu’on gardait jalousement dans la famille. On mitonnait, on mijotait, bref on passait des heures à cuisiner.
–Ensuite, on a fait la révolution de mai 68. On a inventé les surgelés, les boîtes de conserve et les soupes toutes prêtes. On a même commencé de manger hors de chez soi, au restaurant, au Mac Do, au kébab. On est allés jusqu’à boire du TANG dans les années 70, pour ceux qui s’en souviennent, cette fameuse poudre qui mélangée à de l’eau devenait du jus d’orange. (en fait, même dans la pub d’époque, on voit que la poudre reste au fond ! Allez voir, c’est collector ! Juste pour le plaisir, je vous mets la pub de la purée Mousline aussi, elle est trop top)
=> Maintenant, on a de nouveau un presse-purée pour écraser de vraies pommes de terre, on mange bio, et pour réapprendre à cuisiner (ben oui, c’est comme l’artisanat, on a oublié…), on prend des cours de cuisine en groupe et on ramène chacun un petit tupperware avec ses chefs d’oeuvre culinaires, parce que c’est plus sain et que cela a plus de goût !
Allez, encore un dernier ?
–Avant, on préservait la nature parce qu’on savait qu’elle nous nourrissait, on faisait son potager en mettant comme engrais du fumier et on enlevait à la main les doryphores des pommes de terre. On faisait attention de ne pas gaspiller l’eau car il fallait la puiser et on économisait la bougie. On recyclait les papiers d’emballage et on faisait remplir sa bouteille de lait, son pot de moutarde ou son baril de farine chez l’épicier. On n’avait même pas de poubelle chez soi vu qu’on ne jetait rien.
–Ensuite, on a trouvé plein de nouvelles énergies, le pétrole, l’électricité et on s’est mis à gaspiller toutes les ressources puisque c’était inépuisable. On s’est mis à fabriquer plein de produits qui finissent à la déchetterie et d’emballages dont on ne sait pas quoi faire. On a acheté en grande quantité des tas d’objets plus ou moins utiles. Bref, on a inventé la société de consommation et la pollution.
=> Maintenant, on réfléchit à des circuits de recyclage sophistiqués, (plein d’ingénieurs planchent là-dessus, ce qui fait bien rire grand-maman). On paie de plus en plus cher l’énergie pour nous forcer à l’économiser et on est écologiste parce que sauver la planète, c’est très 2014 !
Oui vraiment, ils sont fous ces Gaulois !
Christèle
ne crions pas victoire trop vite ,si l’on voit l’utilisation du gaz et du pétrole de schiste ,la réouverture dans certains pays de mines de charbon ,on est encore dans une économie d’épuisement de nos ressouces.Le recyclage devient un business à part entière ,dont les multinationales conservent la maitrise.L’utilisation des matières premières ne seront elles pas ,à l’avenir exclusivement réservés aux plus riches ,pendant qu’individuellement ont demandera aux autres individus d’économiser l’énergie.
Peut-être que crier victoire est en effet un peu tôt. L’avenir le dira et il faut vraiment regarder les choses dans une perspective longue ! Mais le retour du balancier est un phénomène assez inéluctable. Libre à chacun d’y croire ou pas, en fonction de son degré de préparation, de pratique, ses valeurs. On peut craindre aussi une dépossession de ce qui devrait être, selon toute sagesse, partagé. La concentration des pouvoirs, souvent dissimulée aux masses par le halo ou brouillard médiatique, est un fait qui peut décourager, apeurer. Mais le libre arbitre (vivre « comme on le souhaite » qu’il s’agisse d’alimentation, de transports, de logement, de loisirs, de travail, etc.) à l’échelle d’une famille ou d’un individu est terriblement efficace. En fait, les multinationales et autres centres de pouvoir fermés sont assez démunis face aux libertés individuelles. Sauf, évidemment, lors d’épisodes totalitaires ou extrêmes (dictatures, poussées ultra-libérales, etc.) ! Trop ou trop peu de liberté, le résultat est à peu près le même. La vie humaine « symbiotique » reste donc une question d’équilibre assez subtil, de compromis, avec de vrais droits (individuels, à tendance égoïste) et de vrais devoirs (collectifs, à tendance altruiste).