Que sont devenus ces trois piliers de la République, en France et au-delà ?
LIBERTE : elle se porte comme un charme, la liberté ! Elle est partout dans la société : de la liberté des parents à procréer quand ils le souhaitent, si ils le souhaitent, au libre choix du nom et du prénom de leur progéniture, …et plus largement la libre circulation des biens et des personnes, la liberté de culte, la liberté d’expression, etc. Il suffit de comparer au plan historico-géographique pour se rassurer sur l’état de santé de la liberté. Du moins au plan individuel. Car collectivement, nous sommes plus « englués »…
Dans l’ancien monde, l’autorité des parents, des chefs, de l’état régentait la vie des individus, de leur naissance à leur mort. Dans l’ancien monde, l’existence suivait un parcours prévisible et à peu près rectiligne. Dans le monde contemporain la liberté individuelle ouvre plus que jamais le champ des possibilités, des vies personnelles et professionnelles. En contrepartie, l’existence suit un parcours beaucoup plus sinueux, dont chaque virage doit être négocié. Dans un monde plus libre que jamais, la négociation a remplacé l’autorité.
Un vent libéral a soufflé très fort dans nos sociétés occidentales. Il suffit de voyager un peu pour constater les progrès de la liberté individuelle dans le monde. Bien sûr il reste quelques poches de résistance, mais dans l’ensemble, que de progrès ! Que de progrès au plan social mais aussi au plan économique, comme l’attestent les progrès du libre-échange, à l’heure de l’Union Européenne et à l’heure de la mondialisation qui tente d’ailleurs une « fusion finale » des marchés et des systèmes économiques et sociaux.
La doctrine libérale aurait triomphé, avec cependant ses victimes collatérales. Reste une question d’actualité : acceptera-t-on encore longtemps les délocalisations et autres fermetures de sites industriels « historiques » comme de simples conséquences de la libre concurrence planétaire ? Peut-on s’asseoir, au nom du libéralisme dogmatique, sur les conditions de la libre concurrence mondiale (dumping social, fiscal, environnemental) ?
EGALITE : en apparence d’abord, l’égalité entre les individus, ou entre les états, n’est pas très en forme !
Le creusement des inégalités, donc l’échec du mythe de l’égalité, est visible partout. A voir absolument : http://www.therules.org/
A l’intérieur de chaque pays, l’écart entre les revenus les plus élevés et les plus faibles s’agrandit presque inexorablement. En France, l’égalité des chances reste un projet, tandis que l’ascenseur social s’est grippé et fonctionne moins bien qu’avant ! En Pologne, la croissance économique insolente – au regard du marasme des voisins occidentaux, qui n’ont rien trouvé de mieux que de truquer les chiffres officiels pour ne pas se payer « la honte » – s’est accompagnée d’une hausse des inégalités sans précédent. Alors l’utopie égalitaire a-t-elle encore de beaux jours devant-elle ? Ou doit-on en faire le deuil ? Difficile de forcer ceux qui ont moins de fermer les yeux devant ceux qui ont plus. Moralement et politiquement, ce n’est pas tout à fait tenable !
Si l’on croit Hervé Kempf, la destinée du monde passe par une grande convergence de tous les pays. Selon lui, pour des raisons de développement économique (PIB des pays développés en stagnation puis en déclin, tandis que les pays émergents continuent leur croissance jusqu’à un certain point) et de ressources limitées (énergie, alimentation, etc.) le monde va converger vers un niveau moyen. Donc une certaine égalité des peuples et des pays devrait se produire. N’allez surtout pas répéter cela aux disciples de G.W. Bush. Ceci bien entendu malgré toutes les injonctions officielles du FMI, du G20 et autres groupuscules obscurantistes, pratiquant l’hypnose populaire et niant les limites physiques de la planète qui nous « supporte ».
FRATERNITE : le terme paraît quand même un peu « has been », non ? Un truc d’anciens combattants ? On lui préférera la solidarité, voire l’amitié (valeur sûre d’Internet d’après tous les sites Internet de rapprochement humain, Facebook ou Copains d’Avant). L’intérêt de la fraternité c’est qu’elle sert de rempart à la haine, le racisme, bref toute forme d’incompréhension et de dérapage vers la violence. L’économie sociale et solidaire, la « sharing economy » surfent sur la vague de nos carences en fraternité !
Alors soit l’humanité s’en sort par le haut, usant optimalement de sa prétendue intelligence supérieure (coopération internationale renforcée, gouvernance, dialogue, empathie, compromis multilatéraux). Et entrera dans l’ère de la citoyenneté. Soit la fraternité restera un rêve du passé, un projet utopique. Alors la race humaine ne s’en « sortira » hélas que dans le rapport de force, la rivalité, la haine, la convoitise qui mène aux guerres. Petit bémol pour les techno-optimistes : toutes les inventions techniques à venir ne seront que des outils au service des hommes. Mais ce n’est ni une paire de lunettes connectées ni des implants électroniques de chez Google ou d’un concurrent qui résoudront notre déficit d’éthique collective. A cet égard, notez que le cyberespace (dont la blogosphère) n’a pas dit sa préférence entre une sortie de crise par le haut ou par le bas !
Laurent
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