Connaissez-vous le phénomène des Youtubeuses, ces jeunes filles qui créent des chaînes mode, beauté, maquillage et style de vie sur Youtube ? En passe de devenir le must de la génération Z, le principe est de se filmer dans sa chambre ou son appartement et de délivrer des conseils aux copines. Sous la forme de chroniques vidéos, elles abordent tous les sujets qui les touchent de près : comment se faire une natte originale, se maquiller et s’habiller avant de sortir (Get ready with me), l’organisation de ses produits de maquillage ou de sa chambre, ainsi que tous les conseils pour aborder la vie de lycéenne ou d’étudiante.
Après la vague des Norman, Cyprien et de tous les garçons diffusant des vidéos comiques, c’est désormais au tour des filles d’être les stars du web.
Parmi ces talents en herbe, nombre d’entre elles restent dans le cercle limité des amis du collège ou du lycée, mais certaines deviennent des stars, telles Andyraconte, EnjoyPhoenix, Style Tonic, et quelques autres. Rémunérée au nombre de vues, l’activité de Youtubeuse devient un véritable métier, en partenariat avec des marques de beauté, des shows dans les magasins comme Séphora, appelés des « Meet up », durant lesquelles les fans rencontrent les chroniqueuses Youtube.
Marie, alias EnjoyPhoenix, a même fait partie récemment du jury beauté Brush Contest pour l’Oréal Paris, aux côtés d’Inès de la Fressange.
Bien plus dynamiques que les blogs, les Youtubeuses ont aussi créé les « Vlogs« , ces blogs vidéos qui font partager leur vie rêvée à leurs abonnés. Une vie 3.0 ?
Il est intéressant de constater que ces stars du web font davantage rêver les lycéennes que les actrices. Le concept très « Girl next door » leur ouvre les portes d’un monde pétillant où le quotidien est enjolivé et travaillé, comme dans une série TV. Seul le ton reste très spontané, sur le mode de la confidence entre copines, avec des expressions appartenant au registre oral.
On a l’impression d’être dans la chambre des adolescentes, à partager leurs fous rires, leurs inquiétudes et leurs envies.
Beaucoup travaillent cependant leurs vidéos avec de véritables scénarii et un montage sophistiqué, pour rendre leurs interventions dynamiques et rapides. Les décors sont choisis avec soin et la place faite aux accessoires et produits de soin ou maquillage est essentielle.
Mais la gloire s’obtient à force d’un travail acharné et il faut du talent et de la créativité aux débutantes pour atteindre les paliers rêvés de milliers d’abonnés.
Chaque nouveau seuil (300 abonnés, 20 000 vues etc…) est fêté et partagé en vidéo. Les échanges de bons procédés fleurissent : tu me suis, je te suis ainsi que les tags sur les vidéos des copines.
Au final, les chaines Youtube se multiplient, avec une inégale qualité mais toujours cet esprit « home made » qui fait leur succès grandissant auprès des 12-18 ans. Qui a dit que les ados passaient leur temps devant les écrans ?
Certains sont aussi créatifs, inventifs, donnant les clés du monde 3.0 : un univers personnalisé dans lequel la voisine de palier devient la star à suivre et dans lequel on peut créer son propre univers.
A bientôt sur Youtube !
Christèle
L’épidémie de narcissisme (voir l’article éponyme) peut être relativisée, revisitée et non pas jugée comme foncièrement « mauvaise ». A partir du moment qu’elle apporte du sens à une génération et qu’elle crée du lien. Avec le « vlog » c’est la génération « montante » qui vit sa vie et s’exprime sans se soucier des autres. Nous sommes à des années-lumières des seniors qui ne savent plus où donner de la tête, perdus dans le brouillard médiatique, effrayés par la société qu’ils laissent derrière eux ! Mais Youtubeurs et Youtubeuses se contrefichent des mauvaises nouvelles du JT de 20 heures. Ils veulent juste être eux-mêmes et le faire savoir. Attention cependant à ne pas devenir, à leur tour, des « boucleurs » ou des « boucleuses ». Bienvenue à leur créativité, leur légèreté bien mesurée, dans un monde virtuel de brutes !