TOR ou la liberté sur le Net

Internet, comme toute activité économique et sociale, avait besoin de se recycler, d’améliorer la « fin de vie » des services offerts. Il s’agit ici de la « fin de vie » non pas d’un produit, mais d’un service : l’hébergement de nos données personnelles ! Industrie jeune, en pleine crise d’adolescence, il fallait faire quelque chose pour que cette magnifique agora des temps modernes ne se transforme soit en prison à vie, soit en un espace de traque et de délation. D’abord il y a eu l’Internet libre et ouvert à tous, créant marché atomisé, aux fournisseurs balbutiants. Puis avec le Web 2.0 plus interactif, facile et relationnel, de jeunes géants très sûrs d’eux se sont jetés sur la vie privée du monde entier. Google, Facebook, Amazon, Apple et les autres ont privatisé l’usage et contrôlé nos vies et nos expériences numériques, nos idées, nos goûts, nos contacts, nos envies. Pour mieux les monétiser, via le « traffic analysis », et non par charité personnelle. Big Brother n’en voulait pas tant ! Pauvre George Orwell…

Seulement sur la Toile comme ailleurs, la liberté d’un individu ou d’une entreprise (comme Facebook) s’arrête là où commence celle d’un autre individu ou d’une autre entreprise. Les monopoles à ce titre n’ont rien de bon, leur appétit est illimité. Certes, à la base, tout internaute comprendra l’intérêt d’une plateforme large et puissante, capable de mettre en relation virtuelle un maximum de personnes. Mais le rapport de force internaute/fournisseur est ridiculement faible. Après la grande mode d’aller « faire un tour » sur le Web, nous nous y sommes épanchés avant de réveiller un beau jour avec l’impression que « trop c’est trop ». Qu’il convenait de disposer aussi d’un « droit à l’oubli« . D’une option d’effacement de soi ! Sans douleur et sans violence, juste une protection libre.

L’affaire de la NSA, Edward Snowden révélant que les GAFA étaient « vendus » aux services de renseignement américains, ont sonné le début de la fin de la partie pour cette nouvelle « loi de la jungle ». Avec en ligne de mire la fin des « passe-droits » anticonstitutionnels et peu démocratiques ! Julian Assange de son côté, avec ses WikiLeaks, a mis le doigt sur l’asymétrie d’information qui ne profitait qu’aux pouvoirs publics. Il a simplement agi en « vengeur masqué », en Robin des Bois d’Internet, que cela plaise ou non aux juges. En attendant d’avoir assez de garanties officielles de transparence et de sécurité, le marché ayant horreur du vide, des initiatives foisonnent pour tenter de rassurer les entreprises. Car les entreprise sont devenues de très grosses utilisatrices de la puissance du Web. A bord de la route comme après un accident, les individus quant à eux restent un peu sonnés par toutes ces affaires et tout ce buzz. Dans un monde où l’aversion du risque et le sentiment sécuritaire dominent, après les sociétés de gardiennage et les systèmes d’alarmes dans nos voitures ou nos logements, voici venu l’ère de l’anonymat en ligne. Le logiciel libre TOR est un exemple de parade aux tentatives de surveillance et de contrôle de nos vies numériques. Pourquoi un logiciel libre et non une option payante de chez Microsoft ou un concurrent privatif ? Pour s’assurer de la plus grande transparence, car l’anonymat ne peut être reconquis qu’à condition que les utilisateurs aient un droit de regard et de modification sur le service qui leur est proposé !

Ainsi TOR, initialement développé pour garantir l’anonymat des communications de l’US Navy, est-il devenu un système ouvert et partagé, non pas la propriété de telle ou telle personne. TOR recrute les petits génies de l’informatique en pleine place publique, puis met à disposition de ceux qui le souhaitent un « tunnel virtuel » pour se protéger des regards indiscrets et des patrouilles de surveillance. A condition que ce tunnel ne soit pas au final la gueule ouverte d’un nouveau monstre du Web.  On se croirait presque dans une scène de Star Wars, lorsqu’un vaisseau croyant se mettre à l’abri rencontre Colo Claw Fish, créature géante aux dents longues. Et pourtant, des journalistes utiliseraient TOR pour communiquer plus tranquillement avec des lanceurs d’alerte et autres dissidents. Un peu partout dans le monde et en particulier là où la démocratie est en danger, pour ne pas dire bafouée (Syrie, Russie, Iraq, Etats-Unis, Chine, etc.). Mais aussi pour éviter le retour en force de la censure et les tentatives de sabotage par des entités malveillantes. Car au cas où vous auriez râté un épisode : ce qui est en jeu c’est bien la liberté individuelle, et une fois de plus de nombreux états (voir ici l’exemple de la Russie) hésitent entre le contrôle, en pleine guerre mondiale contre le terrorisme (false flag ?) et le laisser-faire.

Vous restez sceptiques ? Peu technophiles ? Rassurez-vous : il doit bien y avoir d’autres solutions que de se cacher dans un « tunnel numérique » ! La première, c’est le bon sens. Un bon sens qui évite de « chercher les problèmes ». Car sur Internet comme dans la rue, les problèmes quand on les cherche, on finit toujours par les trouver. Pour les autres solutions, c’est à vous de voir… Mais une chose est sûre : pour vivre heureux, vivons cachés !

Laurent

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