A l’heure du « oui » ou du « non » au référendum en Grèce, et avant même la question de la sortie de la zone Euro de ce pays fragilisé par ses nombreuses crises politiques et financières, c’est surtout la question du modèle Européen qui se pose.
Depuis le traité de Rome en 1957 et la volonté économique du marché commun des six pays fondateurs, la question s’est posée à chaque nouvelle intégration d’une Europe fédérale et politique. Mais de fil en aiguille, l’Union Européenne est passée à 28 membres sans réfléchir aux fondements de son identité, au nécessaire socle capable de discipliner les gouvernements d’un aussi grand nombre de pays.
Les espoirs d’une harmonisation fiscale ont été abandonnés par exemple au temps même où on appelait encore l’Europe les 12, et malgré les instances supranationales et intergouvernementales, chaque pays continue de mener la politique qui lui plaît. Même les critères de convergence de Maastricht (inflation, maîtrise de la dette publique etc…) instaurés lors de l’entrée dans la zone euro, ne sont plus respectés, la crise de 2008 ayant achevé de balayer les dernières pudeurs en la matière.
Seul l’espace Schengen est respecté dans son principe et pose paradoxalement les problèmes que l’on sait au niveau de la maîtrise des flux migratoires, chaque pays fermant les yeux sur les soucis de son voisin. Au final, ce sont des milliers de migrants chaque semaine qui sont aux portes de l’Europe, exploitant les failles du système et payant trop souvent de leur vie un système qui s’est enlisé, faute de politique clairement établie et de moyens.
Accepter l’idée que la Grèce puisse sortir de l’Europe, c’est accepter que l’Europe ait échoué dans son modèle politique, économique et social. C’est avouer l’échec de l’intégration de ces nombreux pays qui ont rejoint récemment l’U.E..
C’est aussi ouvrir la porte à l’idée que l’on peut désormais sortir de l’Europe en cas de mauvaise note. Va-t-on sortir en cas de mauvaise notation par les grandes agences, telles Moody’s ou Standard and Poor’s, ou tout simplement comme les Anglais, parce qu’on a toujours été Euro-sceptique, voire Euro-hostile ?
Au lieu de reposer la question d’une Europe fédérale et politique forte, d’une Europe qui harmonise sa politique fiscale et bancaire, c’est plutôt le délitement qui s’annonce avec la posture de la Grèce.
Que le non l’emporte n’est pas forcément le plus grave, car l’on peut comprendre la situation intenable au quotidien des Grecs, ce qui est difficile à admettre, c’est plutôt une certaine idée de l’Europe, une grande idée de l’Europe qui s’en va dans cette affaire et que nous devrions défendre avant tout. Le monde fonctionne plus que jamais par grandes aires : l’aire Pacifique, l’aire Nord-Américaine, ainsi que les zonées émergentes avec les BRICS. (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud)
Une Europe forte est plus que jamais nécessaire.
Christèle
Parlez de l’Europe aux européens de l’Est ! Ils vous diront que, certes, les fonds structurels ont permis bien des progrès au sens de meilleures infrastructures. Ils vous diront aussi leur étonnement face à un machin – la Commission Européenne et ses bataillons de fonctionnaires – devenu aussi ingérable (et aussi peu démocratique) que le Soviet Suprême d’URSS ! Et aussi peu respectueux des identités locales, de la diversité culturelle et naturelle. Une machine à faire des normes dans l’intérêt, finalement, d’une toute petite élite parfaitement infiltrée. Une machine autogérée et autiste, mais au sein d’un continent extraordinairement pacifié et tourné vers le progrès humain. Cherchez l’erreur !
C’est clair, l’Europe est aujourd’hui aussi auto-centrée qu’en 1957 et aussi peu soucieuse des identités. Elle doit encore se chercher un socle commun de performance et d’innovation pour concurrencer les autres grandes aires économiques Monde.