La crise de la dette et des actifs pourris de 2008 paraît lointaine, huit ans plus tard ! Depuis, tant de choses se sont passées. Ou plutôt, beaucoup de choses ont été dites par les gouvernants et répétées par les médias ! On se souviendra peut-être des belles promesses du précédent locataire de l’Elysée, pour faire le ménage auprès des grands banquiers. Et pourtant, un peu partout réapparaissent des tensions, face à l’explosion de l’endettement mondial alors que la croissance de l’économie réelle décroche. Car une économie dopée au crédit ne peut prospérer ou éviter le crash qu’à condition que la croissance du PIB suive. Vu la croissance molle en Europe, vu les incertitudes aux Etats-Unis et le ralentissement chinois, rien de très rassurant…
Rien qu’en Chine, la dette s’élève à plus de 30 000 milliards de dollars, soit 300% du PIB. Un petit problème de taille, de proportions et de confiance aveugle. Et la Chine reste un peu à part dans son organisation, avec son opacité générale, du pouvoir central aux régions et aux conglomérats soutenus par les pouvoirs publics. Plus que partout ailleurs, c’est aujourd’hui en Chine que se trouveraient les plus gros risques. Mais comme la finance n’a pas de frontières, un défaut côté chinois peut très bien faire vaciller une banque américaine ou européenne ! On parle de risque systémique… sans vraiment réagir.
Du côté de la banque centrale, la « banque des banques », depuis 2008 rien n’a vraiment changé, et en volume la masse des dettes (ou crédits) s’est encore accrue. Quelque part, la Fed, la BCE ou la banque centrale japonaise agissent comme si la dette restait notre grand sauveur. Quitte à innover avec des taux négatifs, ce qui ne choque guère.
Aujourd’hui la garantie des dépôts bancaires procurerait de la sécurité à hauteur de 100 000 €, pour environ 250 000 heureux épargnants. Il est évident qu’hormis quelques petites banques, la plupart des banques, celles qui ont pignon sur rue, sont bien incapables de garantir la liquidité envers leurs clients. Autrement dit, il ne faut pas trop espérer pouvoir retirer ses billes en cas de coup dur dans le système financier.
Si on n’est pas trop riche, ou peu engagé dans le système bancaire, on pourra toujours récupérer sa mise. Au-delà, le contribuable, vache à lait des temps modernes, viendra certainement à la rescousse… Et pourtant, considérer le citoyen-contribuable comme la variable d’ajustement représente une grave erreur de stratégie ! On le sait très bien depuis 2008 et la crise des subprimes. La finance mondiale, que les experts veulent conserver loin des yeux du public, de peur qu’il ne découvre leurs exactions, souffre principalement de trois maux :
- Le premier, c’est la concentration, la taille trop importante des banques, qui ont autant grossi par croissance interne qu’au gré de fusions-absorptions. Plus ou laissera ces méga-acteurs financiers grossir, plus le risque systémique demeurera grand. De ce point de vue, depuis 2008 et la disparition de Lehman Brothers, rien n’a changé !
- Le deuxième, c’est l’impunité des dirigeants. En effet, les sanctions de la puissance publique envers les banques, si elles existent, touchent l’institution dans son ensemble, mais jamais ses dirigeants à titre personnel. Or ce sont bien ces personnes qui sont, par définition, responsables. Il faut donc que les sanctions pénales s’appliquent, pour que les organisations bancaires évoluent.
- Le troisième, c’est la coexistence des activités
« banque de dépôt » et activités
de marché » au sein des banques. Là encore, il est normal que les banques prennent des risques et jouent à spéculer sur les marchés financiers
, le problème n’est pas là. Mais cela devient problématique lorsque cela se fait au détriment de l’activité de dépôt, laquelle contribue, via le crédit, au fonctionnement de l’économie réelle.
Alors si une nouvelle bulle éclate, en 2016 ou en 2017, qu’on ne vienne pas dire qu’on ne savait pas ou qu’on ne pouvait rien faire. Et pourtant, la dérégulation, pas plus que la lâcheté politique, n’est une fatalité !
Laurent