Les RI pour les nuls

RI : relations internationales. Depuis que l’homme, mû par sa curiosité insatiable et son appétit de découvertes, a souhaité sortir de son pré carré, les relations internationales font partie de notre lot quotidien. N’en déplaise aux ermites, aux misanthropes et autres dirigeants nord-coréens. Nul besoin d’être chef d’état ou d’entreprise pour pratiquer les relations internationales. Les RI, cela peut vous tomber dessus sans crier gare !

A l’école déjà, on nous apprend l’Histoire, ou plutôt une certaine version de l’Histoire. Honneur de la nation oblige, l’Histoire écrite par des nationaux est loin d’être neutre. Elle nous sert, telle une soupe populaire, une répétition flatteuse de faits héroïques dans notre relation aux autres. Dans nos relations internationales institutionnelles et dans ce que l’on souhaite conserver. Ainsi l’on essayera toujours de valoriser (quoi de plus naturel ?) les faits d’armes d’un François 1er à Marignan, ou son amour des arts et des sciences au travers de l’importation du génie italien, en la personne de Léonard de Vinci.

Et l’on laissera dans l’ombre l’importance abusive de sa propre mère, son manque de clairvoyance, l’importance du soutien vénitien dans la bataille de Marignan… Amour, gloire et beauté voient les français. Incompétence, vanité, défaites et manipulations voient nos voisins espagnols, anglais ou allemands. Nos voisins européens ne manqueraient pas de souligner l’immaturité du jeune monarque qui se voyait déjà Empereur Européen et son goût immodéré pour la parade, la frime comme on dit aujourd’hui !

Les relations internationales sont un art délicat. Tout d’abord, il faudra compter sur son sens de l’écoute. Une écoute active, une attention au-delà des mots, en passant par les différences culturelles et les coutumes locales. Une finesse psychologique pour ne pas excéder son interlocuteur étranger. Accepter que, comme disait Pascal : « vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Les RI demandent des efforts collectifs, en réseau.

Il faudrait toujours considérer que ce qui peut nous faire rire, en bons français, peut irriter notre interlocuteur étranger. Un mot en apparence légère peut se transformer en une brimade vu de l’autre côté. Il faut donc faire attention aux interprétations, d’où ici encore l’importance de l’écoute. Une écoute sincère, non dissimulée, appuyée par des reformulations… Gideon Rachman, du Financial Times, nous montre le poids de l’histoire des relations internationales. Car nous autres « occidentaux » nous traînons de sacrées casseroles en matière de RI ! Nous les assumons mal car elles sont bien difficiles à digérer. Comme si la culture occidentale devait toujours s’arranger avec la vérité, se vautrer dans la propagande, dans la suffisance voire l’arrogance.

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Mais voilà, un certain nombre d’exactions ou d’abus de force ont laissé des traces dans les mémoires collectives étrangères. Et bien souvent notre devoir de mémoire, en tant que soi-disant « partenaires internationaux », n’a pas lieu. Comme si notre obsession du court-terme nous rendait hypocrites ou malhonnêtes aux yeux d’autres cultures, d’autres histoires. Et pourtant il n’y a qu’une seule Histoire !

Gideon Rachman nous rappelle que pour résoudre des conflits internationaux, il faut autant inclure les données factuelles, les « intérêts objectifs » (énergie, territoire, investissements, forces armées, etc.) que d’autres aspects, plus émotionnels. Faisant l’analogie avec un individu, la mémoire du passé et sa dimension affective comptent autant que l’ici et maintenant (aspects rationnels et factuels).

S’appuyant sur les relations que nous entretenons avec des pays comme la Russie, la Grèce, la Chine ou encore Israël et la Palestine, Rachman revient sur une donnée fondamentale : le sentiment d’humiliation. Non pas un épiphénomène, une petite balafre de l’histoire. Mais une aigreur durable, une rancœur tenace qu’on ne peut nier au risque de la raviver. Imaginons que demain vous repreniez le dossier des RI. Comment faire fi du passé ? Comment ne pas en partie au moins le prendre en compte ? Pour ne plus commettre les mêmes erreurs impardonnables ?

Laurent

Laurent

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