Jean-Marie Pelt, botaniste spirituel, n’avait pas peur du mélange des genres, entre science et philosophie, entre curiosité et amour du vivant. Souvent, entre deux observations de la nature et de la société actuelle, il lançait des messages à l’attention de tous les hommes. Un jour il déclara que l’écologie c’est l’amour. L’amour de la vie qui exige le respect d’autrui (à comprendre l’autre être vivant, quel qu’il soit). Le soucis permanent de respecter la nature pour finalement mieux se respecter soi-même. A l’opposé de l’économie qui joue la sourde oreille et s’enfonce dans le déni ou dans le fatalisme (« on ne peut pas faire autrement », « nous voulons le retour de la croissance », etc.)
Alors si l’écologie c’est l’amour, ce ne peut être qu’une secte comme le voudraient ses détracteurs obtus et intolérants. Au contraire, c’est une démarche ouverte, à géométrie variable. A l’image des fêtes populaires ou du covoiturage (qui sont beaucoup plus qu’un simple « business »), c’est une main tendue à la coopération. Loin du pouvoir politique parisien ou bruxellois, « dépassé par les événement », la coopération nous relie au réel et nous fait sortir de notre bulle individualiste. Le mot d’ordre est l’attention portée vers les autres comme vers soi-même. D’après le psychologue américain William James, « l’attention est la prise de possession par l’esprit, sous une forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de pensées parmi plusieurs qui semblent possibles […] Elle implique le retrait de certains objets afin de traiter plus efficacement les autres. »
Mais comment faire pour apprendre l’attention ? Dès le plus jeune âge, des jeux embarquent les enfants dans des activités plutôt compétitives ou plutôt coopératives. Si seule la loi du plus fort ou la gloire du premier (de la classe ou de la compétition sportive…) l’emporte, alors quelle sera la place des « perdants » ? A l’école, il faut apprendre à s’aimer soi-même et s’accepter avant de pouvoir s’ouvrir au monde. Pour cela, à la maison d’abord, les enfants demandent de l’attention. Parfois ils pâtissent d’un manque de temps côté parents, et le leur font « payer » à leur façon. Dès le plus jeune âge, les enfants doivent apprendre à faire attention aux autres, à respecter leur entourage. Sinon ils resteront sauvages et risqueront de ne trouver pour seul refuge que la violence et la délinquance.
Mais on peut apprendre l’attention en découvrant les liens qui nous unissent à notre environnement par :
– notre alimentation, en faisant attention aux liens entre santé et consommation, entre agriculture, plaisir gustatif et activité culinaire,
– nos loisirs, en portant notre attention sur les liens entre le corps et l’esprit, en accédant à la valeur d’une équipe unie autour d’un projet commun, sportif ou artistique.
Hélas de nombreuses distractions peuvent entraver l’attention, à l’école mais aussi à la maison. Il est facile d’accabler la technologie, la déferlante d’objets dits « connectés » et qui parfois déconnectent totalement les enfants de leur environnement réel. Il est facile aussi de se dire que « c’est comme ça » et que l’on ne peut rien y faire. Et pour vous, peut-on apprendre l’attention ? De quelle manière ?
Laurent