BB l’Antisocial

Peut-on être à la fois fils d’ouvrier et rockeur à l’idéologie punk ? Peut-on servir de faire-valoir culturel tout en crachant allégrement dans la soupe populaire franco-française ? Bernie Bonvoisin, rockeur, acteur, cinéaste et homme engagé, n’oublie pas ses origines ni sa gloire passée au sein du groupe hard rock frenchie, Trust.

A 61 ans, l’autre B.B., sort un nouvel album intitulé « Dans le même sang ». Parmi ses morceaux, des noms plutôt évocateurs : « Ni Dieu ni maître », « Démocrassie », « Fils de pute, tête de liste ». Depuis 1977, le groupe a rassemblé pas moins de 23 musiciens, batteurs et guitaristes, et un DJ. Fidèle depuis le début, Norbert Krief, le guitariste, accompagnait déjà B.B. à l’époque du célèbre « Antisocial ».

Trust

En dehors de la scène et des plateaux de cinéma, le chanteur de Trust sait donner le change, sans faux semblants. Il est « entier » et pas vraiment du genre consensuel. Un trait de personnalité qui l’empêcherait, contrairement à d’autres artistes, de devenir « mainstream » et davantage « bankable » ? Loin de son public habituel, en 2016, il est parti au Liban tourner un documentaire : « Paroles d’enfants syriens, la misère entre deux jardins ». Il a vu et il a compris la détresse. Il y a aussi vu plus clair dans les liens entre l’Union européenne – France et Allemagne en tête – et le pouvoir pseudo-démocratique d’Erdogan. L’U.E. qui paie la Turquie pour « faire le boulot » de garder les millions de réfugiés que nous ne voulons pas. Tout en repoussant plus que jamais le projet d’accession turque à l’Union.

B.B. est un écorché vif, comme tous les rockeurs dignes de ce nom. Un contestataire, qui ne cache pas sa vision critique envers son pays et, plus généralement, envers le système politique et son hypocrisie. Les grands médias ne savent pas ou ne veulent pas trop le mettre en avant. Car tant son positionnement artistique, son style et son énergie peuvent déranger. Sa longévité aussi, à l’heure des artistes jetables, au traitement médiatique si léger ?

Le tube Antisocial remonte à 1980. Un an avant la fin de règne de Valéry Giscard d’Estaing et l’arrivée au pouvoir du socialiste François Mitterrand. A l’époque il dénonçait une société pourrie par l’argent, les privilèges et la répression. Un rock énervé, plus proche d’un Daniel Balavoine que d’un Johnny Hallyday ou d’un Eddy Mitchell. Outre-manche, à la fin des années 1970, que d’inspirations pour la bande à Bernie (Bernard de son vrai prénom) où le rock punk (punk : voyou, minable) est à son apogée !

Sex Pistols, avec God Saves The Queen, critiquait ouvertement la royauté et fut considéré comme une menace à l’encontre de la nation britannique ! Les Clash, de leur côté, ont aussi poussé la jeunesse à se rebeller, à l’ère de la Dame de Fer« Nous sommes anti-fascistes, nous sommes anti-violence, nous sommes anti-racistes et nous sommes pro-créatifs, sommes contre l’ignorance » dit d’ailleurs son leader, Joe Strummer. La musique punk contre l’idéologie individualiste et ultralibérale ?

De ce côté-ci de la Manche, Bernie Bonvoisin et sa bande font partie de ces bons sauvages à l’esprit indépendant, presque libertaires. La musique de Trust claque, elle porte loin. Mais ce qui détonne, ce sont incontestablement les paroles, qui n’ont rien de mielleuses, loin de toute langue de bois. Pas de répit pour les rockeurs énervés !

Laurent

 

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