Il existe une région du monde particulièrement riche en préjugés. Cette région est à cheval entre le Moyen-Orient et l’Asie Centrale. Cette région, c’est celle des « stans ». Qu’est-ce que l’Afghanistan, le Pakistan, l’Ouzbékistan ou encore le Turkménistan et ses voisins tadjiks et kirghizes, ont en commun ? Est-ce l’exotisme de leurs noms, à l’orthographe souvent incertaine ? Est-ce leur enclavement et nos lacunes géographiques à leur égard ? Les « stans » sont-ils devenus au fil du temps des victimes collatérales de nos turpitudes géopolitiques ?
Une chose est sûre : les stans sont méconnus et mal aimés. Ils sont méconnus du grand public, à l’exception de quelques routards et autres aventuriers de temps modernes. Ils sont mal aimés aussi à force de propagande médiatique, à force de ne montrer à un public naïf qu’une seule idée. L’idée que ces pays, franchement, « craignent » !
Pourtant, une fois sur place, toutes nos peurs cachées s’envolent. Sur place, c’est d’abord la place de l’humain qui saute aux yeux. C’est un sentiment de bienveillance des gens dans les rues, doublée d’une curiosité sans arrière pensée. Sur place, on découvre un goût soutenu pour la négociation, héritage médiéval de la route de la Soie.
Mais avant toutes palabres, ce qui surprend et émerveille le visiteur occidental, c’est cette extraordinaire tradition d’hospitalité. Une fois avoir physiquement et moralement atterri, une fois que l’on s’est frotté à la culture locale, il nous reste une amertume. L’amertume de celui ou de celle qui s’est fait berner par les stéréotypes et les préjugés véhiculés au sujet des « stans ».
Après la longue série des « stans » d’Asie centrale, on apprend qu’en ouzbek Inde se dit Hindiston. Et Mongolie, Mongoliston. Plus surprenant encore, notre bonne vieille France se disait jadis Farangiston, c’est-à-dire la « terre des francs ». Les ottomans quant à eux nommaient notre pays Frangistan, puisant aussi sur la racine persane « farang ». Dangereuse destination, le Frangistan ?
Ailleurs, printemps oblige, on s’arrêtera dans un petit village au cœur du massif du Tian Shan. Un village couvert de cerisiers en fleurs, non loin du Kirghizistan. Ce village de quelques âmes s’appelle Guliston, littéralement « pays des fleurs ».

Guliston, Ouzbékistan
Des fleurs, il en faudra encore beaucoup, hélas, pour changer l’image des « stans ».
Laurent