L’état de Californie n’est vraiment pas un état comme les autres. État au fort capital de sympathie, vanté par des tas d’artistes, façon « let the sunshine in« . Et cette image de surfeurs et de gentils hippies… La Californie fait sérieusement rêver le monde entier, entre Hollywood, bien sûr, et la somptueuse San Francisco Bay ! Le Golden State, un peu comme les États-Unis dans leur ensemble, est un « melting-pot », un lieu aux multiples facettes. Un état à part, avec son haut niveau d’imposition, qui fait grincer les dents.
La Californie, entre l’Océan et les montagnes de la Sierra Nevada, jusqu’à Yosemite et Tahoe. La Californie et les environs de San José, berceau de la Silicon Valley. Littéralement la vallée du silicium, un nom que a priori ne devait pas trop faire rêver, quoique ce soit sûrement mieux que « vallée du charbon » ou « vallée du gaz »…
La Californie, et « sa » faille de San Andreas, qui signifie déjà en pointillés qu’un jour ou l’autre, un pan entier de la région quittera le reste des États-Unis ! Ce jour-là n’est pas encore arrivé et surtout il faut compter sur le génie civil américain pour y remédier. Mais il reste une autre faille ! Une faille bien plus actuelle et assez faiblement relayée par les médias internationaux. C’est celle qui oppose de longue date les californiens du reste du pays. Héritage de l’empowerment et des luttes citoyennes du siècle dernier. Mais les secousses politiques entre la Californie et Washington sont-elles simplement passagères ?
Après le Brexit, le Calexit ?
La bataille entre l’état le plus riche de l’Union et le pouvoir central n’est pas qu’une querelle de mots. Une de ses plus célèbres entreprises, Tesla, a eu maille à partir avec la justice américaine, au plan local comme au plan fédéral, pour faire valoir ses droits à la vente directe, alors que bien souvent ce type de commerce était illégal. Le gouverneur de Californie, dans la lignée de ses prédécesseurs (fussent-ils Republicans ou Democrats), se bat avec ses troupes pour conserver son autonomie et continuer de tracer son sillon, notamment dans le domaine de l’environnement ou du social.
La liste est longue des dossiers qui achoppent. Il y a le dossier climat. A peine Trump avait-il annoncé le retrait américain des Accords de Paris que le gouverneur de Californie, Jerry Brown, signait un accord sur le climat avec la Chine ! celui de l’immigration (dont dépend beaucoup l’agriculture de la Central Valley). La Californie fait figure de rebelle, de risque pour l’unité fédéral. La résistance de la Californie face aux politiques régressives du gouvernement Trump est une menace pour le pouvoir central. Une menace en termes de lisibilité des politiques menées. Une menace en termes de légitimité. Les révoltes californiennes essaiment ailleurs, dans l’état de New York ou celui de Washington. C’est qu’au niveau local, les villes s’organisent et se mettent en mouvement.
A force de regarder ces rebellions, le pouvoir réel de Washington semblerait presque dérisoire. Malgré les tweets de la Maison Blanche. Les prises de position à l’emporte-pièce du président de l’Union ne seraient-elles plus que des gesticulations ? La Californie, riche de ses 40 millions d’habitants, moteur de l’économie U.S., est-elle vouée à rompre avec le bloc fédéral ? En a-t-elle les moyens ?
Laurent