Se regarder en dedans

« Je vais me regarder en dedans ! » Étrange expression pour les novices. La première fois qu’on l’entend, il est assez normal de se poser des questions. Et de se demander de quelle étrange activité il s’agit exactement. Le 21 juin, le jour le plus long de l’année, maximise nos activités diurnes et minimise le temps du repos nocturne.

Fête de la Musique oblige, il n’est pas dit que beaucoup de Français iront « se regarder en dedans ». A moins que, certaines musiques aidant, ce jour à rallonge soit une occasion spéciale de se rapprocher de son monde intérieur ?

Car se regarder en dedans est un moment très particulier. En mode endormi, il s’agit de régénérer tant notre corps que notre esprit. En mode éveillé, plus subtilement, il s’agit de s’extraire tant de notre monde hyperactif que de délaisser nos distractions habituelles. Ainsi va la vie intérieure, si difficile d’accès !

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Plus difficile qu’avant ? Parce que les frontières entre vie professionnelle et vie privée semblent avoir disparu, technologie aidant. La vie intérieure resterait difficile d’accès, aussi, parce que nous n’avons plus le temps.

C’est ici que l’on retrouve l’accélération, cette course folle qui nous consume entièrement et nous appauvrit. L’intrusion du numérique n’a pas fait grand chose pour nous aider. Au contraire, les écrans ont happé ce qui nous restait de « temps libre », au détriment de notre entourage réel. En nous offrant le mythe de la « connexion ». Au détriment de notre introspection.

Comme les arbres, et comme tout le monde vivant, nous avons besoin d’une respiration. Besoin d’un peu de sérendipité, besoin de divaguer librement, de prendre quelques chemins de détour. Sinon gare à l’accélération et au rattrapage. Mais la peur du vide, la crainte de l’ennui, nous guettent en permanence. Et la vie intérieure a ses limites : elles s’appellent l’isolement, la solitude. Cette solitude peut aboutir à une rumination, avec ces vieux démons que sont les angoisses (peurs) et les frustrations (déceptions).

Tant pis si cela demande des efforts. Tant pis si cela semble être en marge de la « vie normale », celle qui complait à notre société productiviste et concurrentielle. La vie intérieure permet de se « voir passer », de se « sentir exister ». Certes nous croyons parfois que le regard des autres (collègues, amis, etc.) sur soi suffit. Quelle hérésie ! Aveuglés par notre image et notre marketing individuel, nous ne voyons que trop peu le sens d’une réelle introspection. Et pourtant… Il n’est jamais trop tard pour se regarder en dedans.

Laurent

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