La recrudescence des phénomènes extrêmes, des typhons aux incendies, des sécheresses prolongées aux inondations, divise la population entre les « croyants » (ceux ont vécu ces phénomènes ou en ont entendu parler et se sont sentis concernés) et les « sceptiques » ou encore les « ignorants » (ceux qui continuent d’insister sur le caractère exceptionnel et géographiquement limité de tous ces phénomènes).
Il est curieux de noter que l’Europe est certainement le continent le plus épargné par les phénomènes naturels les plus spectaculaires. En effet, rares sont les typhons et autres ouragans touchant les terres du Vieux continent. Rares aussi sont les séismes dévastateurs. Tous ces phénomènes dévastateurs semblent l’affaire des autres, dans la zone Asie-Pacifique ou en Amérique. La Californie, l’une des régions les plus riches au monde, subit depuis 2012 une sécheresse qui provoque des incendies même en plein hiver. La raréfaction des réserves en eau menace la survie de l’agriculture locale.
Mais l’Europe n’est pas totalement à l’abri de catastrophes en tout genre. On se souvient des incendies qui ont ravagé le Portugal et, plus récemment, des incendies qui ont touché la Suède. La Suède ! La sécheresse est un phénomène récurrent, avec ses impacts sur l’agriculture notamment. Agriculteurs et jardiniers le savent bien. Ainsi à Lyon il y a trente an, on arrosait les jardins durant les mois d’été. Aujourd’hui il faut s’y atteler dès le début du printemps, et les pluies d’automne ne suffisent pas toujours à préserver les espaces verts…
Un rapport de l’ONU estime que les effets multiples du réchauffement climatique pourrait coûter la bagatelle de 2000 milliards de dollars d’ici 2030. Un manque à gagner équivalent à la richesse créée en un an par la Brésil ! Après l’ouragan Katrina en 2005 Sandy en 2012, l’ouragan Harvey qui a ravagé le Texas aurait coûté à l’économie américaine quelque 180 milliards de dollars.
L’inflation du coût des catastrophes naturelles inquiète tout particulièrement de grands acteurs de la finance mondiale. Il s’agit d’une part des investisseurs, qui prennent conscience des risques que peuvent constituer le changement climatique en général et l’intensification des catastrophes naturelles, en particulier. Il s’agit avant tout des compagnies d’assurance, dont la vocation est de protéger financièrement leurs clients contre toute une série de dommages.
Les catastrophes naturelles peuvent être perçues comme une opportunité d’affaires, une croissance du marché assurantiel. Mais dans le même temps, elles représentent des menaces économiques pour les compagnies d’assurance. Car évidemment, une inflation des dommages équivaut à davantage de remboursements à effectuer. Et l’on connaît la frilosité des assureurs quand il s’agit de payer !
Rien qu’en France, la Fédération Française de l’Assurance (FFA) aurait estimé à 92 milliards d’euros le coût cumulé des dégâts causés par des aléas naturels de 2014 à 2040, dont 13 milliards d’euros directement imputables au changement climatique. L’intégration de critères environnementaux, sociaux, de gouvernance (ESG) et climat dans les stratégies d’investissement n’est pas qu’un vain mot. Ainsi 60% des assureurs prennent en compte les critères ESG dans leurs décisions d’investissement. Et 40% de leurs actifs sont aujourd’hui, d’après la FFA, couverts par une analyse climat. Comme toujours, il faut savoir faire la part des choses entre le coup de communication (green washing) et les progrès réellement décidés par la filière.
Laurent