Auprès de ma bulle… cognitive

Internet est là, dans nos vies, pour le meilleur et pour le pire. Depuis l’ère du web 2.0, le monde virtuel n’a jamais été aussi ouvert, interactif, collaboratif, dynamique et… personnalisable. Grâce ou à cause des mouchards du web, des cookies et autres données personnelles savamment enregistrées et analysées, Internet a réussi à se rapprocher au plus près des utilisateurs. Dans une relation presque fusionnelle.

A l’entrée du célèbre Twitter, on vous demande vos centres d’intérêt et vous avez donc le choix de définir votre profil, vos goûts, vos attentes. L’air de rien, vous créez donc des barrières et vous vous rendez hermétiques à tout ce qui ne vous intéresse pas (ou ne vous plaît pas). Samy Johsua, professeur en sciences de l’éducation, explique ainsi : « En même temps que les échanges se généralisent positivement, on voit se constituer des «bulles cognitives». Dans celles-ci, on choisit (et milite avec) ses ami-e-s, mais aussi on se constitue son «modèle» personnel de compréhension du monde. Comme toujours pourrait-on dire. Mais là il y a l’effet bulle qui conduit à sélectionner seulement (et de plus durement) ce qui va dans son sens et d’ignorer voire de rejeter ce qui s’en écarte. Au lieu d’une agora, d’une espace commun où la délibération démocratique peut avoir lieu, un enferment de plus en plus total. »

Bulle

Le confort de l’entre-soi

Serions-nous donc en voie de nous fermer au reste du monde ? De nous éloigner de toute contrariété idéologique, pour mieux se blottir dans une sorte de nid douillet virtuel, bercés par les « like » et les commentaires flatteurs ? Plus largement, les bulles cognitives ramènent au sens critique individuel et collectif. Car si de telles bulles cognitives ne concernaient que les individus, sans aucune répercussion sociale ou politique, il n’y aurait sûrement pas de quoi s’en inquiéter. Mais avec le phénomène de la « post-vérité », illustrée par les campagnes pro-Trump ou anti-Brexit, l’affaire est devenue sérieuse !

D’après Katharina Viner, rédactrice en chef du Guardian, « A l’ère numérique, il est plus facile que jamais de publier des fausses informations rapidement partagées et prises pour des vraies. » Les algorithmes finissent par enfermer chaque internaute pressé dans un flux permanent de croyances, de parti-pris qui finissent par être prises pour des faits, des vérités.

C’est en 2011 qu’Eli Pariser, le cofondateur des sites de pétitions Move.on et Avaaz, a évoqué pour la première fois le concept de « bulle cognitive » ou de « bulle filtrante ». D’après ce dernier « Les filtres de personnalisation servent une sorte d’autopropagande invisible : nous endoctriner avec nos propres idées, amplifier nos désirs pour des choses familières, et nous laissant inconscients des dangers cachés des territoires inconnus. »

Laurent

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